La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

216 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

Pour l’un (1), l'acte du Sénat de 1814 est l’œuvre « des députés de 89 et autres »; voilà les services qu'ils ont rendus. Que le prince se garde d’endosser cette « tunique de Nessus », le projet de constitution sénatorial. Un autre (2) raille ce « fier Sénat » qui, « après quatorze ans de la plus honteuse servitude.…., s’arroge le droit d'appeler librement au trône de France son légitime possesseur ». « La stupidité de Claude le fit jusqu'à cinquante ans rejeter de sa propre famille, et Caligula ne sachant à quoi l’employer, le fit sénateur ». En ajoutant aux « 1.677.000 adolescents » livrés par sénatus-consultes pour « la boucherie de Bonaparte, ceux que l'Empereur appela par des décrets que le Sénat ne cassa pas », ceux aussi que le « mode d'exécution » donnait en plus, il compte « quatre millions de Français » moissonnés par le Sénat. L’auteur des Quatre philippiques avertit : (« On se demande si ce n’est pas le Sénat préposé à la Conservation de nos institutions qui a creusé l’abîme épouvantable dans lequel nous nous trouvons, en inventant et fondant successivement le tyran et la tyrannie; en donnant l'apparence de formes légales à toutes les mesures atroces proposées par le {yran ; en envoyant annuelle-

{1) Le Sénat traité comme il le mérite, s. n. d'a. nil. ni d. (Collection Boulay de la Meurthe, Bibl. de Nancy : ARecueil sur la Restauration, &. IL.)

(2) Le Sénat et encore une Constitution, Paris, avril 1844.