La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

236 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

Et enfin, quoique le projet de Montlosier (1) aboutisse à la création d’une sorte de Cour suprème laquelle tiendrait & d'un côté à toute la hiérarchie judiciaire », dont elle serait « en quelque sorte, le régulateur et le complément ; d’un autre côté à toute la tribu des hommes d’une profession noble et indépendante», dont elle serait € la sommité et le premier lustre; en troisième lieu à tout l’ordre des propriétaires » dont elle serait « le premier appui » encore faut-il marquer que ce Sénat, formé de grands est, lui aussi, un corps intermédiaire :

« Voulez-vous... un état social stable ? Au lieu du « dévergondage et d’une licence effrénée, voulez-vous

crédit, des individus sans lumière et sans culture, dépourvus de ces heureux perfectionnemens qui décorent et ennoblissent l’homme de la civilisation. Les richesses pillées par la violence, et gaspillées par l’esprit de désordre, loin de répandre l’aisance, laissaient partout en s’éparpillant une détresse insupportable. Nous devenions un peuple barbare, nous rétrogradions vers l’enfance des sociétés : c’est que, victimes de nos propres ressentimens, nous voulions, par violence, extirper l'aristocratie dans une nation qui en était alors profondément saturée : nous la trouvions partout, nous l’abattions partout. De l'aristocratie nominale et fictive, on était passé à frapper l'aristocratie réelle : celle du nom, de la richesse, du savoir, de l’intelligence, de la considération publique. Bientôt nous n’allions plus laisser en France qu’un cadavre dépouillé de la force et de la fleur de la vie. Une organisation sociale uniforme peut sourire à beaucoup d’esprits... Mais il faut reconnaitre que la Providence n’a pas (1) De la Monarchie française, 1815, p. 433 et suiv.