La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

238 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

antérieures de dix-sept ans au retour des Bourbons, à l’Essai analytique de M. de Bonald (1802) et au delà, à la Constitution d'Angleterre et à l'Esprit des Lois, on trouve encore, sur la mission de la noblesse dans la Monarchie, ce double dogme : à savoir qu'elle est essentielle à l’ancienne Constitution française (de Maistre, de Bonald), et que l'exemple de la Constitution anglaise ÿ commande le retour (Delolme, Montesquieu).

La Société n’est pas sortie d’une délibération d’un contrat social, dit Joseph de Maistre. Une Constitution est une œuvre divine ; une loi constitutionnelle n’est et ne peut être que le développement ou la sanction d’un droit préexistant et non écrit. Les droits constitutifs du souverain et de l'aristocratie n’ont ni date, ni auteurs. Et c’est précisément pourquoi ils sont nécessaires. « Il y a dans chaque État un certain nombre de familles qu’on pourrait appeler cosouveraines (2), même dans les Monarchies : car la noblesse, dans ces gouvernemens, n'est qu'un prolongement de la Souveraineté. Ces familles sont les dépositaires du feu sacré : il s’éteint lorsqu'elles cessent d’être wrerges » (3). Et plus loin : « Il y a des familles nobles, comme il y a des familles souveraines » (4). La noblesse qui est un organe

(1) Considérations sur la France, Londres 1797.

(2) Cf. plus loin la définition de la qualité de pair, par de Pradt.

(3) Considérations, p. 198.

(4) Jbid., p. 199.