La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

THÉORIE DE JOSEPIT DE MAISTRE 239

de la Monarchie a pour devoir de maintenir la continuité de la tradition nationale : « Si la Noblesse abjure les dogmes nationaux, l’État est perdu. » Et cette mission se manifeste sous ce double aspect : prêcher sans cesse aux peuples les bienfaits de l'autorité, et aux rois les bienfaits de la liberté : c’est-à-dire que par ce prolongement de souveraineté elle exerce un pouvoir intermédiaire entre le roi et le peuple. Or, d’une part, la noblesse n’est pas déchue : « L’aristocratie des places qu'on ne pouvait appercevoir tout d’abord, dans le bouleversement général, commence à se former, la noblesse même reprend son indestructible influence » (1797). D'autre part, c'est une des lois de cette politique mystique que « toute insurrection du peuple contre les nobles » n’aboutit « jamais qu'à une création de nouveaux nobles ». Et enfin, si les souverains ne peuvent pas ennoblr, ils peuvent prudemment sanctionner des «<ennoblissements naturels », car « il y a des familles nouvelles qui s’élancent pour ainsi dire dans l’administration de l’État, qui se tirent de l'égalité d'une manière frappante, et s'élèvent entre les autres comme des baliveaux au milieu d’un taillis. »

À la Révolution s’opposera donc la Contre-révolution : l'unité, la continuité nécessaires de l’État n’auront été qu'interrompues (1).

(1) Jbid., p. 177, 182, 198. Nous ne prétendons pas (est-il besoin de le dire?) analyser ici les théories politiques de