La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

268 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

établi entre l'exercice supposé d’un pouvoir en tout cas confus, dès l’abord partagé, bientôt abandonné, ei l’exercice de fonctions et de droits établis et garantis par la Charte constitutionnelle dans un État moderne, c’est-à-dire, selon Bluntschli, dans un État de droit.

Ainsi cette Pairie, « qui doit lier tous les souvenirs à toutes les espérances, en réunissant les temps anciens et les temps modernes », n’est pas une énstitution vraiment nationale, à moins qu'on ne consente à qualifier de nationale une institution dont on ignore l’origine, dont presque rien ne demeure, dont on transforme radicalement le peu qui subsiste, dont on ne respecte que le nom (1). C’est au contraire une invention politique toute moderne. Le comte de Provence aurait peut-être pu l’étudier sur les marches du trône si son frère, repoussant le vœu de Necker, n'avait laissé à la reine ce joli repenür : «Je voudrais qu'il m'en eût coûté un bras et que la Constitution anglaise fût établie en France. » Ce n’est pas même une restauration infidèle ; c’est une de ces constructions chères au romantisme alors naissant, dont le style approximatif ne dissimule ni les matériaux modernes ni le plan étranger (2).

(1) Mme de Staël. Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, édition de 1843, p. 113.

(2) (a) « Lorsque Bonaparte voulut composer son Sénat, il n’eut qu’à rassembler autour de lui les leudesetles grands vassaux de la révolution. Je ne sais pourquoi cette véritable Cour des pairs fut