La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

312 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

et la préséance dont ils ont toujours joui dans les assemblées nationales; et cette prérogative ne peut leur être précieuse qu’autant qu'elle tourne à l’avantage des peuples. Ce n’est pas une vaine égalité, démentie à chaque instant par des besoins toujours renaissans que le peuple a intérêt de réclamer, c’est du secourset de l’appui que sa faiblesse invoque, et c'est dans le clergé et la noblesse qu’il peut et doit les trouver. dès qu’une. fois il est convenu que la contribution doit être égale et également répartie, l'élévation des grands n’est plus qu'un moyen de défendre le faible, de soulager ses peines, et d'assurer l'accès de ses réclamations.

Puisqu'un seul et même intérêt doit animer les trois ordres, on pourrait croire que chacun devroit avoir un égal nombre de représentans. Les deux premiers ont préféré d’être confondus et réunis; et par là le tiers-état, assuré de réunir à lui seul autant de voix que le clergé et la noblesse ensemble, ne craindra jamais qu'aucun intérêt particulier n’en égare les suffrages. Il est juste d’ailleurs que cette portion des sujets de Sa Majesté, si nombreuse, si intéressante et si digne de sa protection, reçoive au moins, par le nombre des voix, une compensation de l'influence que donnent nécessairement la richesse, les dignités et la naissance.

En suivant les mêmes vues, le roi ordonnera que les suffrages ne soient pas recueillis par ordre, mais par tête. La pluralité des opinions des ordres ne représente pas toujours cette pluralité réelle, qui seule exprime véritablement le vœu d’une assemblée..….» Discours du garde des sceaux (de Brienne), à la 6° et dernière séance de la première Assemblée des notables, la 25 mai 1787. Archives Parlementaires. T. I, 1r° série, p. 233.