La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

40 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

mative (1). Mais ce qu'il importe de marquer maintenant, c'est que toutes ces brochures propagent l'écho de la voix de Montesquieu. I] y aurait naïveté à prétendre une fois de plus montrer en lui l'un des grands acteurs invisibles de la Révolution. Toutefois la lacune serait trop considérable si l’on négligeait de citer ici les principes qui, consignés dans l'Esprit des Lois, ont été et seront repris, commentés, développés sans cesse et resteront longtemps les articles de foi des catéchumènes de la politique monarchique. Puis, peut-être, l'occasion est-elle heureuse à saisir de rapprocher ces textes et de défendre, d'aventure, l’auteur de s'être en l'espèce contredit (2) ?

(1) Une traduction française de l’Eramen du gouvernement d'Angleterre comparé aux institutions des États-Unis, de Robert Livingston parul en 1789 avec des notes de Dupont de Nemours, de Condorcet et de Gallois. La Constitution d'Angleterre de De. lolme avait été publiée dix-huit ans plus tôt (Amsterdam 1771).

(2) Consignant deux opinions de Montesquieu : « Elle (Paristocratie) doit être héréditaire » (L. XI, ch. VI), et: « l’extrème Corruption est quand elle le devient » (1. VII, ch. V), M. Emile Faguet fait observer : « Ceci n’est pas une contradiction de «€ Montesquieu, c’est une contrariété des choses mêmes. L’héré€ dité fonde l'aristocratie parce qu’elle fonde une classe compé« tente, elle ruine l’aristocratie parce qu’elle fait une classe d’où (les compétences isolées sont exclues. Elle fait du corps aris. « tocratique un gouvernement très intelligent qui arrive vite à « n’appliquer son intelligence qu'à son intérêt. Dans la démo« cratie manque l'intelligence des intérêts généraux, dans l’aris« locratie manque le souci des intérêts généraux. Et obéissant