La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
[ 144.1
tié des nouveaux membres qui avaient tant ambitionné cette aflociation, dédaignent d’en profiter : déjà ils négligent leur devoir le plus folemnel, celui de fe rendre dans le Confeil National, & femblent, en s’en éloignant, avouer eux-mêmes qu'ils l’ont dégradé. Comme leur admiffion dans ce Corps était toujours pour leurs familles une décoration, & qu’elle devenait fouvent la récompenfe gratuite de leurs talens, ils ont fait une autre perte qu’ils ne prévoyaient guères ; Car, en tariffant la fource des récompenfes nationales, ils fe font en quelque forte _appauvris d’émulation & d'honneur ; & fi je puis me fervir d’une expreffion du jour, en prenant d’affaut le droit de cité, ils l’ont déonétifé à leurs propres yeux. Tels ont été juiqu'ici, pour Genève, les
effets de l’univerfalité du droit de fuffrage. se, Toute populaire & démocratique que-paraïffait cette A ffemblée, elle s'était fagement interdite linitiative des loix; car bien qu’elle fe fût fpécialement réfervé le Pouvoir Légiflatif, elle s’était aftréinte à ne l'exercer jamais que par fa fanction, ou fon vefo, opération qui fe faifait fans débats quelconques, & dans laquelle les citoyens, au nombre de 1500 ou 2000, donnaient dans le plus profond filence, leurs fuffrages qui étaient reçus & relevés en peu d'heures. Il eft vrai qu’en cas d’abus de la part du Corps Exécutif, eu en cas d’interprétations qu’on lui conteftait, leConfeil National pouvait rappeler à lui les matières de légiflation ; mais il ne le pouvait que par une marche lente, mefurée, qui excluait les faillies de la pafion, & qui circonfcrivait toujours le peuple dans les bornes 5 de
s