La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
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membres. Quoi qu’il en foit, cette Affemblée, qui poflédait au moins les dix-neuf vingtièmes de toutes les fortunes de l'Etat, s’était toujours montrée incorruptible, indépendante, & pure; & fi elle n’admettait point dans fon fein le corps entier de la peuplade, elle repréfentait fidèlement en toute occafon, le vœu des dernières clafles du peuple qui s’en trouvaient exclues. On fe rappelle que la Convention Françaïfe y fit introduire celles-ci en proclamant dans Genève, Qu'il n'y avait de république que là où ily avait égalité de droits, & que ce ne ferait qu’en déchirant les odieufes pancates de Citoyens & de Natifs, que les Genevois deviendraient enfin des républicains. (1) I fallut également, pour plaire de plus en plus aux Français, fixer à l’âge de vingt-un ans celui de la majorité des Genevois, qui jufques là n'avait commencé qu’à vingt-cinq. Dès-lors l’Afflemblée du Peuple, dans laquelle on trouvait autrefois beaucoup de dignité, & un efprit de corps qui lui impofait de rendre fes Décrets refpectables à ceux qui n'y concouraient pas, n’a plus eu ni dignité, ni retenue, ni efprit public; & elle s’eft bientôt attribué, à titre de loix, la fanétion d’une foule de règlemens purement adminiftratifs. Ceux qui en étaient l’honneur, ‘ou en ont été expulfés, ou s’abfliennent de s’y rendre, afin de protefter ainfñ autant qu'il eft en eux, contre
tant d’ufurpations. Enfin, ce qui eft bien autre-
ment remarquable encore, c’eft que plus de la moi= RÉ mr T4 PAYER LAN
(1) Rapport du Comité Diplomatique fait par Brifot, è la Convention Françaife, le 2 Novembre 1792.