La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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aux principes mêmes de la Révolution, au dogme de la souveraineté nationale et de l'égalité.

Mais avait-il raison ?

Oui, pour M. Gabriel Deville, — pour le Gabriel Deville d’aujourd’hui, au moins, car l'historien de Thermidor et Directoire n’est plus absolument l’homme qui nous résuma, voilà vingtcinq ans, /e Capital, de Karl Marx. L’historien ide Thermidor et Directoire est d'accord avec M. Jaurés pour saluer dans la Révolution française la mère du socialisme. Ils aiment également cette mère et son « fils légitime ».

Mais, à leur tour, ont-ils raison ?

Oui, selon M. Aulard ; ou plutôt, l’éminent professeur leur avait donné raison d’avance dans son istoire politique de la Révolution française ; et M. Aulard ne s’est jamais déclaré socialiste. C’est froidement, scientifiquement, qu'il a examiné la question, et voici la page, à mes yeux décisive, que je recommande aux méditations des libéraux :

Qu'est-ce au juste que ce principe ou ce dogme de l'égalité, objet de l’article premier de la Déclaration (des Droits de l'Homme) ?.. Lé sens évident de cet article, c'est qu'aux inégalités naturelles il n’est pas équitable que les institutions ajoutent des inégalités arlificielles. Un homme naît plus vigoureux, plus intelligent qu’un autre. Est-il juste qu'il trouve en outre dans son berceau une somme d'argent ou une propriété foncière, qui double, triple sa force d'attaque ou de défense dans le combat pour la vie ? Est-il juste qu'un