La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET LA QUESTION SOCIALE 97

détracteur de la Révolution ; et c’est un véritable contre-révolutionnaire, instruit (cela va de soi) et compétent, qu'il vous plairait ouir ? À merveille. On ne saurait trouver mieux que M. Pierre Lasserre et son magistral réquisitoire philosophique, le Romantisme français. Eh bien, il félicite M. Aulard d’avoir dissipé « sans retour la contradiction spiritualiste et libérale » qui excepte des droits de l’homme le droit à la propriété. « Sous peine, s’écrie-t-il, du plus insoutenable, je dirai même du plus inique sophisme, un partisan des « Droits de l'Homme » ne peut parler du droit de propriété qu'en sous-entendant propriété également répartie entre tous. « Et plus loin, avec une sorte de brutalité synthétique : « Oui, la Déclaration des Droits de l'Homme, c'est Babeuf. » Et il en est ravi, ou s’en désole, comme vous voudrez : ravi dans sa fureur d’inimitié contre 89, désolé à tout autre égard. « L'Égalité-principe, l'Égalité-fin », n'est-ce pas « la mort » (1)! Pour conclure, je dirais volontiers : Distinguons bien entre la Révolution-fait et la Révolution-principes. Celle-là, tout ensemble individualiste et étatiste, ne fut socialiste que malgré elle, sous la pression de circonstances extraordinaires ; celle-ci portait en soi, non seulement . le babouvisme, mais (j'emprunte le mot à M. Faguet) « tous les socialismes », pour le jour où des circonstances nouvelles, largement et profondé-

(1) Pp. 349-355.