La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET LA QUESTION SOCIALE 99

formation de la vie matérielle (1). Mais enfin, Karl Marx et Engels, dès 1848, dans le Manifeste du parti communiste, pourront faire cette double constatation pour tous les pays d'industrie: « La bourgeoisie a créé des forces productives plus variées et plus colossales que toutes les générations passées », mais elle a aussi « produit les prolétaires, entassés dans les fabriques, organisés militairement», — c’est-à-dire, prophétisaient-ils, «les hommes qui lui donneront la mort. »

Où en est aujourd'hui le socialisme français ? Un courant nouveau, assez obscur encore, mais, somme toute, libertaire, semble, en ces derniers temps, s'être mélé au courant marxiste. Le mouvement syndical révolutionnaire est un fait considérable ; et l’historien,le philosophe qu'intéresse la marche des idées et des faits, doit être aussi attentif à ce mouvement complexe que peut y être, de son point de vue, l’homme d’État, le chef d'industrie, le financier, le grand, moyen ou petit commerçant, ou le simple rentier.

La seule observation qui me paraisse de mon ressort, ici, c'est en laissant de côté les moyens d'action préconisés par certains groupes (moyens que j'abandonne et dois abandonner aux polémiques de presse ou de tribune, car mon office n'est pas celui d’un journaliste ou d’un homme politique), c’est qu'il y a dans le socialisme autre

(1) V. Serenogos, Hisloire politique de l'Europe contemporaine, chap. XXII.