La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 113

et font la France si puissante et si imposante, il

ne s’est pas encore altéré. Même aux armées,

c’est encore, simplement, l'enthousiasme héroïque

de la liberté, Et, füt-on le plus pacifiste des

hommes, ou l’ennemi de la Révolution le plus fana-

tique, ou l’anti-patriote socialo-anarchiste le plus

déterminé, on aurait de la peine à n’en pas conve-

nir: jamais plus beau spectacle n’a été offert au monde, sous un certain point de vue, que celui de ces armées-là.

Taine n’a pu retenir un eri d'admiration. Et l’on n'aurait, entre les témoignages contemporains, ou plutôt émanés de contemporains, que l’embarras du choix.

« Les officiers donnaient l'exemple du dévouement : le sac sur le dos, privés de solde, ils prenaient part aux distributions comme les soldats, on leur donnait un bon pour toucher un habit ou une paire de bottes. Cependant, aucun ne songeait à se plaindre. Dans les rangs des soldats, c'était la même abnégation... Jamais les armées n’ont été plus obéissantes, ni animées de plus d’ardeur ; c'est l’époque des guerres où il y a eu le plus de vertu dans les troupes (1). » — Ces lignes sont du maréchal Soult, qui, en 1795, etait général de brigade.

Mme de Staël, assurément bien instruite, certifie, de son côté: « L'armée française ne connaissait pas alors le pillage »; et ses chefs, obligés quel-

(1) Cité par M. Vast, p. 293.