La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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la liberté ! Ce fut le paradoxe de toute une école révolutionnaire, pendant une grande partie du dix-neuvième siècle.

Malgré notre admiration pour l’incroyable énergie de la Révolution luttant contre l’Europe, nous devons donc être sévères, sinon impitoyables, au parti qui voulut la guerre, au parti girondin : car c’est lui qui, dès 1791, y poussa de toute son éloquence, de toute son influence.

Oh ! je le sais, la question est complexe. Je ne saurais même exposer ici les circonstances d’où l'idée de guerre naquit. Ce serait trop long. Et surtout je ne prétends pas qu'entre l'Europe hostile, l’Europe, non des peuples, mais des rois ou des empereurs, et la France nouvelle, la guerre n’eût pas, tôt ou tard, éclaté spontanément. La sagesse la plus sage eût peut-être été vaine. Ce n’en est pas moins une lourde responsabilité pour les Girondins d’avoir collaboré de toute leur impatience politique avec le destin, quand on auraït dû faire l'impossible en faveur de la paix.

Ils soupçonnaient Louis XVI de trahison, et ils n'avaient pas tort. Ils pensaient que la guerre le forcerait à se découvrir. Ce n’était pas mal raïsonner. Mais, pour voir clair dans le jeu royal, avaient-ils le droit de jeter la France dans l’inconnu d’une aventure immense ?

Que füt-il arrivé si nous avions été vaincus ? Ils avaient la foi! — Ce n’est pas une raison. Un d’entre eux, Isnard, s’écria que, vainqueurs, les