La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 117

ennemis ne jouiraient pas de leur victoire, « parce qu'ils ne régneraient que sur des cadavres ». Lamentable parole de rhéteur ! Pour tenir des propos de ce genre, il faut avoir l’excuse sublime du désespoir, dans une guerre de défense; et ce n'était pas le cas, puisqu'on était alors en novembre 1791 et que la déclaration de guerre, votée par la Législative, est du 20 avril 1792.

Pour bien comprendre les Girondins, il importe, sans doute, de ne pas oublier qu'il y avait en eux, chez les plus marquants d’entre eux au moins, un désir comme mystique de propagande révolutionnaire internationale. Mais, avec une amère et pénétrante ironie, Robespierre parlaiten homme d’État, lorsqu’il leur disait (janvier 1799) au club des Jacobins :

« Vous vous chargez de la conquête de l’Allemagne d’abord; vous promenez notre armée triomphante chez tous les peuples voisins », et vous trouvez cela parfait. « Nos généraux, conduits par vous, ne sont que les missionnaires de la Constitution; notre camp, qu'une école de droit public. Ilest fâcheux que la vérité et le bon sens démentent ces magnifiques prédictions... Le gouvernement le plus vicieux trouve un puissant appui dans les habitudes, dans les préjugés, dans l’éducation des peuples. La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d'un politique est de croire qu'il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire

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