La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 131
tisme un substralum d'intérêts solides et clairs pour qu'il soit à l'abri d'une crise morale comme celle qu’on peut craindre aujourd’hui, chez nous.
La Révolution en est une preuve éclatante : car, si le patriotisme y fut si fort, c’est que la classe paysanne et la bourgeoisie (la petite et la moyenne surtout), en se battant héroïquement pour la France nouvelle, se battaient pour les immenses avantages économiques, politiques et sociaux, qu’elle leur avait apportés.
Taïne l’a reconnu et très bien dit (1).
Le seul bon moyen à employer contre la propagande antipatriotique, c’est donc d'intéresser réellement la classe ouvrière à la durée d’une patrie qui cesserait d'être pour elle un mot, — mot redoutable, haïssable, à cause des sacrifices exigés en temps de paix et de ceux, terribles, que demanderait une guerre.
La propagande antipatriotique serait arrétée par l’avènement d’un peu de vraie justice sociale.
Mais, je le répète, il n'y a pas contradiction entre l’idée de patrie et l’idée internationaliste.
Et j'ajoute : la Révolution française, avant d’avoir à lutter pour la vie, que dis-je ? alors même qu’elle luttait désespérément, fut animée d’un patriotisme à la fois national et international ; patriotisme fraternel aux peuples, en effet, puisqu'il révait de les affranchir après la défaite des rois.
(1) La Révolution, t. IT, p. 478.