La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

2 | lou Pie

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Je sais bien qu'il y a le socialisme, Karl Marx s'est écrié, dès 1848, dans le Manifeste du parti communiste : « Les ouvriers n’ont pas de patrie » ; et il leur a jeté ce mot d’ordre : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Mais, pour se concerter et vaincre, ont-ils besoin que leurs différents pays d’origine disparaissent comme nations ? M. Jaurès écrivait en 1898, daus la Revue de Paris : « L'unité nationale est la condition même de l’unité de production et de propriété, qui est l’essence du socialisme » ; et encore : « Le mouvement international du prolétariat, sous peine de se perdre dans le diffus et l’indéfini, a besoin (c’est moi qui souligne) de trouver, dans les nations même qu'il dépasse, des points de repère et des points d'appui. »

Que les ouvriers n'aient pas de patrie, voilà, malheureusement, ce qui est vrai, en un sens; et bien avant Karl Marx, — avantla Révolution française, — un grand esprit sage, Turgot, avait dans une seule et petite phrase, à propos des paysans, les prolétaires d’alors, expliqué cette véritélamentable. — « Celui, disait-il, qui ne possède point de terre ne saurait avoir de patrie que parle cœur, par l'opinion, par l'heureux préjugé de l'enfance. » Bref, le prolétaire (ouvrier ou paysan), — celui qui ne possède rien, — ne peut être patriote que sentimentalement, Et il va de soi qu'un patriotisme tout sentimental est à la merci d’une modification — irop facile — de la sensibilité. Il faut au patrio-