La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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quable vigueur, pourtant, Mme de Staël a écrit, à propos de cette même loi du 2 novembre 1789 : « Quel moyen a l’homme d'imprimer l’éternité à ses résolutions ? Peut-on aller chercher dans la nuit des temps les titres qui n'existent plus pour les opposer à la raison vivante (1) ? »

La métaphore, c’est le « tas d’or » sur lequel

se trouvaient, affirme l’impérieux sophiste contrerévolutionnaire, des titres authentiques. Rien n’était moins authentique, au contraire, que certains, que beaucoup de ces titres. Pendant des siècles, les moines avaient fabriqué de fausses chartes, de fausses donations, comme de faux documents historiques, a justement rappelé M. Debidour (2). Et, pour les dons authentiques, combien étaient le fruit des plus coupables manœuvres : intimidations, violences, captations de testaments ! . Pendant des siècles, ce fut pour l'Église péché mignon, ou plutôt œuvre pie, que « d’exploiter les terreurs du Jugement dernier par l’extorsion de legs ». Je cite ici admirable historien américain de l’/nquisition au moyen âge, Henri-Charles Lea, qui ajoute: « On sait qu'une grande partie des biens de l’Église ont été amassés de cette façon (3). » ê

Une autre partie provenait de la persécution.

(1) Considérations sur la Révolution française, deuxième partie, chap. XIII.

(2) Op. cit., p. 51.

(3) L'ouvrage de Lea a été traduit en français lomon Reinach.