La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET L'ÉGLISE 5b

nent à la nation », il eut le mérite d'exprimer le premier la pensée, encore timide peut-être et comme obscure, du Tiers-État; pensée que les circonstances allaient enhardir si rapidement et développer dans la conscience de ceux qui voteront, le 2 novembre, le décret que j’ai cité.

Quelles circonstances ? La situation financière, l'approche de la banqueroute. A en croire Taine, « la détresse du trésor », fut le moindre souci de l'Assemblée, C’est là une de ces erreurs à moitié volontaires qui abondent dans le gigantesque pamphlet de cet ancien ami de la Révolution, converti par la peur après la Commune. Car, certainement, il savait que la motion de nationaliser les biens du clergé fut faite en ces termes par Talleyrand (le 10 octobre) : « L'État depuis longtemps est aux prises avec les plus grands besoïins; il faut donc de grands moyens pour y subvenir. Les moyens ordinaires sont épuisés ; le peuple est pressuré de toutes parts, la plus légère charge lui serait, à juste titre, insupportable... Des ressources extraordinaires viennent d’être tentées; mais elles sont principalement destinées aux besoins extraordinaires de cette année, et il en faut pour l'avenir, il en faut pour l’entier rétablissement de l’ordre. Il en est une immense et décisive, et qui, dans mon opinion, peut s’allier avec un respect sévère pour les propriétés : cette ressource me paraît être tout entière dans les biens ecclésiastiques... »