La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

56 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Assurément, dans la discussion, la nécessité de combler le déficit sembla passer au second plan, y passa même, car il fallait établir que la nation était la véritable propriétaire des biens d'Eglise. C'est ce que firent Thouret, Treilhard et Mirabeau ; et je dirai ici, par parenthèse, que plus d’un argument de Mirabeau, touchant le droit de propriété, aurait pu ou pourrait se tourner contre toute espèce de propriété; qu'il suffirait de pousser à bout ou jusqu’au bout ces arguments pour légitimer, à les supposer exacts, la suppression de la propriété individuelle, si chère à la Révolution.

M. Jaurès, dans son volume sur la Constituante, a fort habilement souligné ce point. Mais je n'ai pas à m'y arrêter aujourd’hui : j'y insisterai dans ma prochaine conférence : La Révolution et la Question sociale.

Thouret avait pris grand soin, lui, de mettre la propriété individuelle à l’abri du terrible coup que l’on allait frapper. « 11 faut distinguer, disaitil, entre les personnes, les particuliers ou individus réels, et les corps qui, les uns par rapport aux autres, et chacun relativement à l'État, forment des personnes morales et fictives… Les individus existent indépendamment de la loi, et, antérieurement à elle, ont des droits résultant de leur nature et de leurs facultés propres; droits que la loi n’a pas créés, qu’elle a seulement reconnus, qu'elle protège et qu’elle ne peut pas plus détruire que les individus eux-mêmes. Tel est le droit de