La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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Or, ils étaient prêts à l’alliance, ces millions de journaliers, de métayers ou de petits propriétaires, qui « désiraient cesser de mourir ». Il ne demandaït qu’à jeter sur les chemins son écrasant fardeau, tout ce misérable peuple des campagnes, comparé à un « mulet » par le cardinal de Richelieu, et qui attendrissait des nobles, des prélats, jusqu’à faire dire à Louis XVI par l’évêque de Nancy, dans le sermon prononcé à la messe d’ouverture des États, le 4 mai 4789 : « Sire, le peuple sur lequel vous régnez a donné des preuves non équivoques de sa patience. C'est un peuple martyr à qui la vie semble n’avoir été laissée que pour le faire souffrir plus longtemps. »

Les impôts directs et indirects (taille, capitation, vingtième, gabelle et aides) et la dîme s’aggravaient terriblement pour le paysan censifaire (paysan propriétaire, mais d’un bien féodal qu'il ne possédait qu'à titre de cessionnaire et moyennant une rente annuelle fixe et perpétuelle à verser au seigneur, ou moyennantle paiement des redevances féodales); et tout cela réuni (sans parler des corvées, souvent humiliantes) était si lourd, que le malheureux homme, au bout du compte, gardait à peine pour lui le cinquième de son revenu.

On conçoït aisément qu’à la nouvelle de la prise de la Bastille ces propriétaires-là se soient jetés sur leurs bastilles à eux, les châteaux, pour y brüler les titres de propriété des nobles. Et la