La Serbie
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Les conditions de paix offertes par M. Lloyd George et M. W. Wilson aux puissances centrales n'ont pas été adoptées par celles-ci. Ces conditions assuraient à l'Allemagne, non seulement la consécration du « Mitteleuropa », mais aussi la domination incontestée sur l’Europe centrale, sur la Russie et toutes ses possessions en Asie, sur les Balkans et sur la Turquie tout entière. En refusant d’accepter ces conditions, l'Allemagne a irrévocablement proclamé son désir de réaliser, par la guerre actuelle, la domination sur toute la terre. L'Allemagne défie le monde entier.
Car l'Allemagne non vaincue aujourd’hui, c'est l’Allemagne omnipotente demain et agrandie, non seulement des territoires déjà occupés par elle, non seulement des territoires de ses fidèles ailiés, mais aussi, et surtout, de tous les Balkans et de toute la Russie. Les Etats européens, restés neutres, graviteront demain, bon gré mal gré, autour du centre allemand. ' Au surplus, les Etats aujourd'hui ennemis de l’Allemagne, seront, demain, contraints par la force des faits, par la grandeur accablante de l’Allemagne, d'entrer, contre leur volonté, dans l'orbite germanique. Ce qui restera en dehors de ce monde allemand ne pourra que végéter seulement jusqu’à son asservissement économique et politique définitif. Ni M. Lloyd George, ni M. Wilson, ni tous les amis occultes de l’Autriche-Hongrie et de la Bulgarie germanophiles, ne paraissent se rendre compte de cette vérité patente.
Il est évident que le démembremerit de la Russie rend impossible la conclusion d’une paix avec l'Allemagne et ses alliés sur la base du « statu quo ». L'Allemagne, il est vrai, tâche de présenter au monde la Russie comme une puissance. Malheur à celui qui le croit. Même si la Russie restait unie, elle ne serait qu’une proie facile pour l’Allemagne et pour son « brillant second », l’Autriche-Hongrie. Les immenses richesses de la Russie en matières premières, son marché nécessité par les besoins d’une population d’à peu près de deux cent millions d'habitants — tout cela sera livré à l’activité de l’industrie allemande, qui en saura tirer le plus grand profit pour la nation germanique. Les richesses ainsi accumulées serviront ensuite à combattre les concurrents encore existants. Enfin, la docilité connue du peuple allemand et sa subordination aveugle au militarisme prussien, faciliteront le perfectionnement de l’organisation existante, qui sera dirigée vers l’asservissement économique et politique du monde entier. C’est alors que ne se sentiront plus à l’abri de l'agression allemande, ni les Etats-Unis, ni le Japon. Voilà pourquoi nous ne croyons pas qu'il existe un seul homme en Angleterre qui puisse raisonner et qui puisse consentir à une paix avec l'Allemagne sur la base apparente du « statu quo ». Car, bientôt après une telle paix, éclatera une guerre, encore plus terrible que celle-ci, entre l’Angleterre et l'Allemagne dans des conditions tout autres que celles d’aujourd’hui. Les chances de victoire né seront pas alors du côté de l’Angleterre, mais du côté de l'Allemagne.
Si l’on réfléchit sur ces faits, on cessera bientôt de croire en Angleterre eten Amérique qu’on combat aujourd’hui seulement
pour la délivrance de la Belgique, pour la
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Prix du numéro: 10 centimes
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LÉVTIQUE Ris
Faraissant tous Rédacteur en chef: Dr Lazar Markovié, professeur à l’Université de Belgrade
Le danger allemand et la paix
désannexion de l’Alsace-Lorraine, pour Trente et Trieste, pour l’union du peuple roumain et pour celle du peuple serbe, mais aussi et surtout qu'on combat contre son propré ennemi, qui est en même temps l'ennemi commun, parce que tous les Alliés sont plus ou moins, un peu plus tôt, un peu plus tard, menacés de ce même ennemi, l'Allemagne. Une fois cet ennemi écarté, l’accomplissement des vœux de chacun des Alliés se fera de soi-même.
Restent encore à examiner les vœux de la classe ouvrière, qui n'est pas la plus éprouvée par la guerre actuelle. — « Pas d'annexions, pas de réparations, pas de garanties; la paix immédiate, équitable et sur la base du « statu quo », — voilà la formule de la classe ouvrière d'Occident pour la paix avec les puissances centrales. Mais, il est d’abord curieux que ce soit la classe ouvrière des Etats de l’Entente qui proclame cette formule et non pas la classe ouvrière en Allemagne.
Tout le monde a appris quelque chose de la guerre actuelle, seuls les représentants de la classe ouvrière en Europe occidentale semblent n’avoir rien appris. Chose incroyable, mais vraie.
Ils avaient à apprendre premièrement que la classe ouvrière d'Allemagne est d’abord allemande et ensuite socialiste. Deuxièmement, ils avaient à apprendre que la classe ouvrière allemande, étant allemande de par ses sentiments, forme une partie intégrante de la nation allemande. Et la nation allemande nous a démontré pendant la guerre, qu’elle est non seulement docile, mais qu’elle obéit aveuglement, avec une certaine prédilection, inconcevable ailleurs, au militarisme prussien.
Et la classe ouvrière en Allemagne ne vote pas les budgets et les emprunts de guerre, ne travaille pas dans les usines de guerre, ne se prive du plus nécessaire pendant cette guerre que dans un but unique: vaincre les ennemis, pour conquérir un marché universel.
La facilité de la vie matérielle et les richesses accumulées, provoqueront en Allemagne la croissance du nombre d’habitants dans ce pays prolifique. Et, à un moment donné, quand toutes ces forces seront mobilisées, organisées et dirigées vers le but unique, qui est-ce qui pourra arrêter alors le courant débordant de la nation allemande dirigé vers la conquête des marchés mondiaux. Est-ce que ce sera la classe ouvrière de l'Europe occidentale et des Etats-Unis ? Nous ne le croyons pas. L’internationale, ou la Société des Nations ? Encore moins!
L'enseignement qui se dégage de ces faits est le suivant: « Aucun des peuples alliés contre l'Allemagne et ses complices, ni aucune des ciasses sociales, n’a intérêt à ce que l'Allemagne ne soit pas battue. Elle doit être battue,non pas pour désannexer l’AIsace-Lorraine, non pas.pour l’union du peuple italien, ni celle du peuple roumain, ni celle du peuple serbe, — mais pour le triomphe de la justice, pour la sécurité du monde entier, pour la paix équitable et durable, pour la liberté générale, pour le salut suprême de tous. On ne pourra réaliser tout cela que par la victoire complète sur l'Allemagne, victoire que se doivent réciproquement tous les peuples alliés d’aujourd’hui. M. M. B.
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Un diplomate autrichien en retraife, F. v. B. a presque accaparé les colonnes de la , Neue Zürcher Zeitung“ en servant au public suisse des informations fantastiques sur le bien-être qui règne dans la monarchie des Habsbourg. Du journal zurichois ce Monsieur a l'habitude de passer de temps .en temps dans d'autres organes de la presse suisse, et on l'a vu aussi tout récemment, peindre au , Journal de Genève “, la situation en Autriche sous les couleurs les plus optimistes. Les méthodes employées par cet émissaire de Vienne sont des plus diverses, mais son dernier écrit dépasse en audace fout ce qu'on a vu jusqu'à présent dans cette matière. Dans la « Neue Zürcher Zeitung » (n° 36) il est venu en effet commenter le discours de Lloyd George, qu’il appelle « le grand homme d'Etat jouissant en Autriche d'une admiration justifiée», «l'enchanteur de Wales,» «le sauveur de l'Autriche. » Selon M.F. v. B., Lloyd George aurait souscrit au programme de paix du comte Czernin! De plus, le premier anglais aurait exprimé“te désir d'arriver, par Vienne, à la paix avec Berlin ! Après avoir avancé une inferprétation aussi tendancieuse du discours de Livyÿd George, M. F. v. B. a essayé de la corroborer par quelques affirmations supplémentaires. Il nous assure que l'Autri-
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Un défenseur de l’Autriche-Hongrie
Genève, Samedi 9 Février 1918
Suisse....... 6 fr, — par an
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che-Hongrie n'est pas du tout un instrument des plans pangermaniques, elle est: simplement une alliée de l’ Allemagne, ayant les mêmes droits et la même force. L'Autriche est donc nécessaire à l'Europe, surtout à l'Angleterre, conclut M. F. v. B. pour contrecarrer les plans de la caste militaire prussienne. Si l'Angleterre veut se garantir contre le danger germanique elle n'a qu’à soutenir l'Autriche qui exerce déjà une pression en Allemagne en vue d'une démocratisation de l'Empire !
Nous enregistrons cette tentative curieuse de représenter l'Autriche comme un moyen de vaincre l'Allemagne. L'idée de M. F, v. B. fera plaisir aux austromanes incorrigibles que l’on voit toujours en bon nombre dans les pays alliés. Sa manœuvre est cependant inoffensive parce que si les Alliés ne procèdent pas au démembrement de l'Autriche, les peuples réveillés le feront eux-mêmes avec plus de bruit et plus à fond. C'est inévitable. Un Autrichien nous écrivait l’autre jour : « Avec les articles de journaux vous ne réussirez pas à démembrer la Monarchie.» Possible. Mais il est certain qu’on ne pourra pas: non plus la sauver par des écrits tels que celui de M. F. v. B. Le dernier mot sera aux peuples ef c'est nous qui exprimons leur opinion.
Dans son plaidoyer pour la paix, le chancelier austro-hongrois ir spe fait un véritable tour de force, afin d’expliquer d’une façon élégante les causes du conflit actuel. « La guerre mondiale, affirme-t-il, a été la résultante d’une accumulation inouïe aux quatre coins du monde, de frottements, de craintes, de haines et de conflits d’intérêts qui ont trouvé un appui dans deux tensions fondamentales ». Les deux tensions, selon lui, sont dues à l’antagonisme anglo-allemand d'un côté et austro-russe de l’autre. Ces deux antagonismes ont continué longtemps à s'opposer, depuis 1914, à la conclusion d’une paix durable, comme ils s’opposèrent au maintien de l’équilibre avant la guerre.
Au lieu d'aller chercher les causes de la guerre « aux quatre coins du monde » et de porter l’accusation, tantôt contre l’impérialisme russe, tantôt contre celui des Anglais, le comte Andrassy n'avait qu’à regarder autour de lui pour découvrir les vrais coupables. Pour cela il n'aurait qu’à consulter les comptes rendus des débats et les discours prononcés au Parlement autrichien et hongrois!. Il aurait donné une meilleure preuve de sa sincérité en portant les responsabilités sur le compte des puissances centrales, sur l'esprit de domination et de conquête dont les dirigeants de ces puissances ont été toujours animés. Pr parler que de la patrie du comte A, nous dirons que depuis Metternich jus Tisza et Berchtold, la politique austi groise n'a guère changé de but. Au en ce qui concerne les relations av: Serbie, cette politique fut toujours imp liste et plus ou moins agressive. « De, le premier jour de l'existence de la Seri écrit M. E. Denis (La Grande Serbie), politique de la Monarchie dualiste marqu+ nettement le but qu’elle n’a pas cessé d poursuivre depuis: tolérer l'existence de le Serbie, tant que celle-ci, par sa faiblesse, ne Serait pas un obstacle à sa pénétration dans les Balkans, l’écraser sans pitié du
4 Voir le discours du député slovè ih Fe duit par «La Serbie» du D janvier. PE
Le comte Andrassy et la Serbie
moment où elle prétendait remplir librement sa destinée. » Le fameux mot de Metternich, au dire duquel la Serbie sera un jour turque ou autrichienne, résume excellemment le programme de la politique austrohongroise vis-à-vis de la Serbie, programme dont la Monarchie dualiste ne se départit jamais.
C’est le père du comte Jules Andrassy, qui, par l’occupation de la Bosnie et d’Herzégovine, empêcha le premier l'unité nationale serbe de s’accomplir, en poussant l’Autriche-Hongrie dans les Balkans. Son fils ne réserve pas un sort meilleur à notre peuple. Son programme renfermant « les conditions acceptables, conditions qui assureraient aux nations de l’Entente l'intégrité de leur situation » (quel style diplomatique), contient, outre la cession du mont Lovéen à la Monarchie, la cession de la Macédoine serbe à la Bulgarie. « Nous n'avons qu’un désir à l'égard des Balkans, écrit Andrassy, c’est d'y créer un équilibre de forces qui garantisse la paix et qui assure la possession des Balkans aux peuples balkaniques.» A l'entendre parlron dirait que le fils du ravis<nie est prêt à nous ”” ravies autrefrise nrr:
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