La Serbie

Samedi 20 Avril 1918 — Ne 16

La LETTRE de

Au moment ‘où le comte Czernin tombe victime de ses propres intrigues, il n’est pas unutile de rappeler en quelques mots le débat surgi entre Je «premier français » et le ministre de Charles I.

Au cours d'un discours sur la disette menaçante, tenu à la municipalité de Vienne, le comte

Gzernin parla de «propositions» françaises de

paix faites par M. Clemenceau. Ce dernier riposta .

par un énergique: «Czernin en a menti». Soucieux de se disculper, le ministre autrichien dévoile alors les conversations poursuivies en Suisse entre le comte. Revertera, émissaire de Czernin et le comte Armand «homme de confiance» de Clemenceau. Aïnsi directement mis en cause, le président du Conseil français n'eut pas de peine à monirer que l'initiative de ces conversalions engagées d'ailleurs antérieurement à son arrivée au pouvoir, appartenait à l’Autriche et non pas à la France. Mais Czernin persisla dans ses allégations, C'est alors qu'une sote officielle fit allusion à [a lettre aulographe de l'empereur Gharles, promettant d'appuyer auprès de Guillaume les «Justes revendications françaises relatives à l'Alsace-Liorraine». Mais Charles à son tour, démentit formellement, dans un télégramme adresssé à son puissant allié, avoir jamais rien écrit de pareil.

Devant ce fait, il ne restait au gouvernement français qu'à publier le texte même de la Jettre transmise à M. Poincaré par le prince Sixte de Bourbon-Parme, beau-irère de l'empereur Charles.

Voici les passages de celte lettre concernant l'Alsace-Lorraine, la Belgique et la Serbie:

« Aussi m’estil particulièrement agréable de voir que, bien que momentanément adversaires, aucune véritable divergence de vues ou d’aspirations ne sépare mon empire de la France, et que je suis en droit de pouvoir espérer que mes vives sympathies pour la France, jointes à celles qui règnent dans toute la monarchie, éviteront à tout jamais le retour d’un état de guerre pour lequel aucune responsabilité ne peut m’incomber. À cet effet, et pour manifester d’une façon précise la réalilé de ces sentiments, je te prie de transmettre secrètement et inofficiellement à M. Poincaré, président de la République française, que j'appuierai par tous les moyens el en usant de toute mon influence personnelle auprès de mes alliés les justes revendications françaises relatives à l’Alsace-Lorraine.

Quant à la Belgique, elle doit être rétablie entièrement dans sa souveraineté, en gardant lensemble de ses possessions africaines, sans préjudice des dédommagements qu’elle pourra recevoir pour les perles qu’elles a subies.

Quant à la Serbie, elle sera rétablie dans sa souveraineté el, en gagé de notre bonne volonté, nous sommes disposés à lui assurer un accès équitable et naturel à la mer Adriatique, ainsi que de larges concessions économiques. De son côté, lAutriche-Hongrie demandera comme conditions primordiales et absolues que le royaume de Serbie cesse à l'avenir loule relation et qu’il supprime loute société ou groupement dont le but politique tend vers une désagrégation de la Monarchie, en particulier la Narodna Obrana ; qu’il empêche loyalement et par tous les moyens en son pouvoir toute sorte d’agitalion politique soit en Serbie, soit en dehors de ses frontières, dans ce sens, et qu'il en donne l'assurance sous la garantie des puissances de l’Entente. »

On sait que le mot d'ordre à Vienne, est de soutenir que ce texte est falsifié, que la Iettre véritablement adressée à Sixte contenait au com traire l'annonce que les revendications françaises relatives à l'Alsace-Lorraine étaient üllégitimes,

L'EMPEREUR CHARLES

enfin que le prince n'avait nullement le mandat de transmettre à M. Poincaré les opinions de l'empereur.

Ce tissu d’affirmations et de dénégations se RS bien un jour. Chacun est déjà fixé d'ailleurs sur le crédit qu'il convient d'accorder aux paroles autrichiennes. Et la chute de Czernin, est la première conséquence de ces intrigues trop savantes. Il y en aura d'autres. Et de plus importantes peut-être.

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Contrairement à ce qu'il a dit de la Belgique, qui «doit être rétablie entièrement dans sa souveraineté », l'empereur Charles dit seulement pour la Serbie «qu'elle sera rélablie dans sa souveraineté». Sans vouloir examiner ce qu'il a voulu dire par cette expression vague, s'il avait même entendu par là restaurer la Serbie, nous ne pouvons pas faire autrement que de lui fournir la même réponse donnée déjà au comte Czernin, La question de la restauration de la Serbie n'existe pas; elle est inventée et ingéhieusement suggérée au monde par l'Autriche pour délourner son attention d'une autre question vraiment réélle, la question yougoslave. Dans celle-ci, on pourrait sous-entendre la question: de la Serbie, mais le point eapital — en dépit de l'Autriche :— reste toujours la question yougoslave et elle sera posée par nos alliés à l’ordre du jour de la conférence de la paix.

Comme prix de cette grâce impériale, l'empereur nous demande entre autres d'empêcher toute sorte d'agitation en dehors de mos frontières. Il paraîl que l’empereur s'est convaincu que même les mesures terroristes que l’AutricheHongrie prend contre ses propres sujets ne peuvent pas étouffer le réveil du ‘peuple yougoslave ni ses aspirations à la liberté et à l’indépendance, Il désirerait que la Serbie use de son prestige auprès du peuple yougoslave en espérant que cette mesure d'ordre moral aurait cerlainement plus d'effét que tout le système terroriste, Il voudrait que la Serbie dise à ses propres frères : « Frères, restez sous le joug austromagyar, vous y Ces très bien; d'ailleurs, c'est assez que nous Serbes de Serbie sçyons libres l» Voilà quel rôle l'Autriche voudrait faire jouer à da Serbie, voilà de qugl crime elle désirerait voir souillés notre Ame, notre honneur.

La valeur de l’Etat unitaire magyar

Maintes fois on a exalté la fermeté de la Hongrie dans celte guerre. L'influence et l'énergie de son gouvernement qui souvent a fait preuve d'une force prépondérante dans les affaires de la monarchie a donné l’idée aux spectateurs superficiels que existence de la Hongrie est basée sur des fondements sûrs. Ce jugement paraissait d'autant plus plausible si lon comparaët avec la situation en Autriche.

En effet, à première vule, on voit une grande différence dans la situation intérieure entre l'Autriche et la Hongrie. En Autriche les différents peuples se sont fait entendre d'une façon énergique et leurs revendications ont parcouru le monde. L’Autniche est tiraillée par l’action de ses {peuples et réussit avec peine à créer un équilibre au moins apparent. Cela fait que l'Autriche vivote où comme les Autrichiens disent eux-mêmes, fortwurstelt.

En Hongrie, par contre, la situation paraît être tout autre. Le Parlemient, le gouvernement, et tout ce qu'un étranger peut apercevoir porte la marque magyare. Sommeltoute. on pourrait dire avec les Magyars que leur pays est en effet un «Etat unitaire magyar ».

Mais les rares occidentaux qui ont eu le courage d'apprendre lidiome magyar et

qui sont en état de suivre les événements hongrois pourront constater aisément que sous ce calme apparent gronde un orage des plus violents. Le mulisme des peuples n'est pas dû à leur indifférence nationale ni À leur reconnaissance de l’idée de l'Etat unitaire magyar, mais à la force qui S'appuie sur les baïonnettes. Nous ne voulons as dire pa Éholgué É force comme les Magyars. À ce point de vue le traitement des peuples tant en Autriche qu'en: Hongrie élait identique. Que l'Autriche n'ait pas pu quand même «pacifier son troupeau de peuples dé deuxième rang». cela tient à la civilisation plus élevée de ces peuples, qui ont pu malgré les empiètemients des Allemands arracher à ceux-ci la permission de s'organiser plus efficacement que n’ont pu de faire les peuples de la Hongrie. Si la voix des peuples de la Hongrie n'a pu s'élever aussi vivemient que celle des

peuples de l'Autriche, cela n’est qu’une.

question du temps. A force de grandir en civilisation les peuples de la Hongrie s'organisent et ralfermissent leur unité nationale afin qu’un jour, qui ne sera pas lointain, ils puissent braver avec suCCÈS la soldatesque féodale miagyare. Que Je chemin pour cette évolution soit déjà tracé, les Magyars eux-mêmes nous € InSstruisent. A l’occasion dé la discussion de la réforme électorale dans la commission parlémentaire, les députés de tous les partis ont apporté à la tribune des craintes, de graves craintes pour l'avenir de l'Etat hongrois et des Magyars. Tous sont tombés d'accord que l'extension du droit de voile et la participation des peuples de race non-magyare au pouvoir, dans le Parlement comporte de plus graves dangers pour l'existence de lélatisme magyar et préconisent la nécessité ‘de faire des lois qui garantiront l'instruction publique exclusivement magyare; ladministration, l'armée, la politique foncière et la colonisation également magyares.» Cependant, si l'on donnait Ides droits politiques — dit le «Pesti Hitlap» du 10 mars — aux rTasses nationalistes qui tendent contre l'unité de PEtat ce serañt une étourderie dont l'Etat payeraët le prix.»

Depuis Tisza jusqu'à ceux qui ne prononcent pas une phrase sans y intercaler le mot de démocratie, tous sont d'accord que ïa ruine de l'Etat magyar est sûre si les peuples ont le droit de vole. « Cette guerre a entraîné un succès politique a dit Farkas dans la commission parlementaire — à savoir que l'intégrité de la Hongrie se trouve assurée, mais selement à condition que nos ennemis intérieurs ne la déchirent pas.» « Budapesti Hirlap» du 21 février).

En vérité, les Magyars ont tout le droit d'avoir peur des peuples qu'ils oppriment. Une fois venus au Parlement ils y apporteront les sentiments de haine el de révolte accumulés dans leur cœur par su: des souffrances séculaires chaque jour renouvelées. « Dans tous les coins de la Hon-

rie — a dit Farkas dans son discours déjà mentionné — les nationalités prêchent une guerre de croisade. Elles sont en: parfait accord avec lles nationalités autrichien nes en ce qui concerne la dislocation de la Hongrie. »

Sous le couvert de cette Hongrie calme en apparence une autre Hongrie de dix müllions d’âmes vit, agit et espère en attendant le jour «ù elle se ruera sur « l'Etat unitaire magyar» dont elle n’a connu que la misère et l’humiliation.

+ cela que l'Autriche n’ait pas

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La fraternité turco-bulgare en péril

Depuis que la Russie Sest rayée du nombre des belligérants el depuis que les Alliés ont, plus où moins, renoncé à Constantinople et au démembremient de l'Empire ottoman, les Tures redressent peu à peu La tête. Les premiers effets se sont fait sentir à Sofia, car la Turquie paraît avoir fait comprendre son intention de reprendre les territoires dont elle dit avoir été dépouillée en vertu du droit du plus fort. f

Les journaux de Sofia se trouvent dans un véritable embarras et chacun traite la question différemment. Les « Narodni Prava », organe gouvernemental, exprime ses inquiétudes :

Nous, Bulgares, nous avons eu beaucoup d'espoirs déçus et cé n’est pas sans raison que le pessimisme est devenu le trait dominant ide noire caraclère… Y a-til en Turquie un homme d'Elat qui désire soulever une question de compensalions! L'histoire est encore trop récente pour être oubliée.

Le « Preporets » se fâche contre les prétentions turques :

Nous sommes persuadés que les questions soulevées en connexion avec le sort de la Dobroudja profitenont le moins à ceux qui les soulèvent.

IL faut être aveugle pour ne pas voir quelle est la situation aujourd'hui: les troupes bulgares forment un bouclier derrière lequel on triomphe à Constantinople et l'on cherche à étendre son pouvoir au Caucase, perdu \lans les guerres précédentes et même dans la guerra actuelle.

Le « Mir », de M. Guéchoff, voulant calmer l'opinion publique, devient plus iexplicite :

L'alarme qui s'est emparée de noire presse est facile à comprendre. Les moments que nous traversons sont d'une importance décisive pour la vie de l'Allance….

Ayant une fois pâli des mésinlelligences entre alliés, nous sommes peut être devenus trop mbrageux et trop enclins aux exagérations. Mais que nos alliés n'y voient aucune malice; notre alliance sera consolidée seulement quand toutes les causes de suspicion auront disparu.

Quant aux « Voeni Izvestia », organe militaire. ils reflètent d'âme et la mentalité, bulgares. Les Bulgares y flattent les Turcs et font appel à leur parole donnée, en attendant que la guerre finisse, pour se jeter sur eux, comme ils. l'ont fail avec leurs alliés de 1913:

L'amitié turco-bulgore est destinée à une longue vie. C'est pour cela que la Bulgarie a rompu avec ses traditions et avec son passé. Nous sommes convaincus que les Turcs sages à Constantinople, qui tiennent à la parole donnée, y attireront l'attention des journalistes criards qui, cédant à.leur tempérament, oublient et fa noblesse lurque et el la situation périlleuse. Les Bulgares connaissent ces Turcs aux habitudes byzantines qui n'ont que le nom de commun avec les vrais Turcs au caractère droit et intègre. Ceux-ci n'ont qu'à faire un signe, qu'à grincer des denis, pour que ceux-là reviennent à la raisoon. C'est ce qui ne manquera pas de se produire. La paroole donnée nous aulorise à mous attendre.

Les Juifs yougoslaves

Selon le « Zidow» organe juif de Zagréb, un grand nombre de Juifs d'Ossiék {Croatic) ont signé un manifeste dans lequel les Israélites yougoslaves expriment leurs sympathies pour l’idée de l'indépendance et de liberlé du peuple serbo-croateslovène. Ils promettent, en outre, d’user de toute leur influence auprès des Juifs russes pour que, eux aussi, äppuyent la juste cause du peuple yougoslave qui est en même temps la leur, car 1e peuple serbe-croate-slovène donnera dans son: nouvel Etat, la même liberté et égalité dont jouissent les Juifs en Serbie.

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lorsque, au cours de la guerre, les gouvernements le {Vienne et de Budapest, abandonnant successivement leurs pouvoirs À celui de Berlin, tuèrent TAutriche-Hongrie et livrèrent ses dépouilles à la Mitteleuropa, Nos médecins Tant-Mieux ne sont pourtant pas convaineus encore. « L'Auitriche est bien bas, c'est vrai, prétendent-ls; mais elle n’est pas morte. IL faut même ne pas la laisser mourir. Inoculons-lui le suprême sérum de la fédéralisation, et nous la conserverons pour le plus grand bien de l'équilibre européen. » Ils ne prélendent pas néanmoins la conserver intacte. Ils admettent que cerlaines amputations sont nécessaires. Ils songerañent à détacher la Galicie, qui passerait à la Pologne reconstituée; la- BosnieHerzégovine qui serait accordée à la Serbie; le Trentin, que l’on incorparerait à l'Italie. Le reste devrait subsister et constituer la fameuse Autriche-Hongrie fédérée. |

I semble que nos fédéralisateurs connaissent bien mal et Etat dualiste que l'on dénomme fallacieusement Autriche-Hongrie. S'ils connaissaient mieux sa structure et son histoire ils s'apercevraient immédiatement qu'il est impossible de fédéraliser le domaine des Habsbourg el que, si même ce remaniement était possible, l'Autrich'e-Hongrie ainsi transformée ine ferait que routenir la puissance permanique et continuerait à être néfaste à l'équilibre ‘européen. L'histoire montre que, par la façon dont différents pays 5e. sonl rassemblés autour de leur trône, des Habsbourg ont toujours régné sur ‘une confédération, mais qu'ils n'ont cessé d'en vouloir faire un empire centralisé.

L'émpire d'Autriche n'est qu'une simple domination, un titre hoñorilique donné par les Fabsbourg à leurs possessions. Cek empire. ne forme pas un Etat unitaire, mais une confédération d'Etats particuliers, indépendants les uns des autres et n'ayant ‘de commun que la personne de leur monarque.

Qui donc imposera aux gouvernements de Vienne et de Budapest, -ce fédéralisme qu'ils repoussent? Seront-ce les Tchèques où Les Yougn-Slaves? Mais ils n'en veulent pas eux-mêmes. Le Ceshy Svaz,

union des députés tchèques, a maintes fois exprimé le désir qu'a la mation tchèque d'être libre et de former, änie À la Slovaquie, un Eat souverain indépendant. Les Yougo-Slaves, par la voix ide leurs dépulés, demandent également l'émancipation et l'unification de toutes les régions habitées par eux. ,Admiettons pourtant ‘que Tchèques, Yougos-Slaves, Slovaques, elec. réussissent à imposer à la Monarchie dualiste la forme préconisée par le docteur TantMieux. Qu'y auront-ils gagné et qu'y aura gagné l'équilibre européen ? Rien, et c’est facile à comprendre.

Une fédération ne peut sortir, en effet, que du libre consentement des peuples. ie i

La IConfédérartion helvétique aussi bien que les Etats-Unis d’Amiérique sont le résultat de la volonté les nations qui les composent, Il convient donc de rendre aux diverses nationalités de la Monarchie habsbourgeoisè cette volonté que le régime austro-hiengrois a annibilée. 11 faut accorder aux Polonais, aux Ruthènes, aux Tchèques, aux Slovaques, aux Roumains, aux Yougo-Slaves et aux Italiens la libération qu'ils réclament. Toutes ces nationalités, qui formaient jadis des Elats indépendants, ont un our jugé bon de choisir leurs

|monarques parmi les Habsbourg. Ils ont Signé avec ceux-ci (Un,

contrat engageant les deux parties. Ce contrat se trouve aujourd'hui rompu par la faute des Habsbourg; laissons les populations Jésées répudier leur monarque el choisir “leur jorme de gouvernement. Les «défenseurs de ‘l'Autriche-Hongrie, à l'extérieur comme à l'intérieur de la Monarchie dualiste, sont d'ailleurs des: plus illogiques. Ils admettent: fort bien la libération de la Pologne. iLe gouvernement de Vienne est même prêt à renjire la Galicie aux Polonais. Pourtant ils ne peuvent admettre la libération des autres nalionalités. Nous comprenons les mobiles du gouvernement austrohongrois, qui songe à lier la nouvelle Pologne au domaine fles Habsbourg. Nous ne comprenons pas, par. conjre, les 1aisonneurs de l'Entente qui voudraient voir la Pologne libre tandis que les autres nations $laves resteraient asservies aux Habsbourg.

L'Entente a commis l'erreur de laisser les empires centraux promettre à la Pologne cette liberté et cette indépendance. Elle peut réparer sa faute. Il faudrait que, par un acte {diplomatique, les Alliés proclamassent unanimement leur ferme volonté de féaliser le désir ‘de libération et d'indépendance manifesté par Îes Tchéco-Slovaques et les Yougo-Slaves dans leurs solennelles déclarations du 30 mai; par les Roumains et les Ruthènes ‘dans! leurs divers discours ou interpellations au Parlement de Vienne et de Budapest. En agissant ainsi mous seulement nous hugmenterions les forces de résistance auxquelles, depuis la “ébut de la guerre, se ‘heurtent les autorités de d'Autriche et Ke la Hisinerie, mais encore nous préparerions le véritable équilibre de l'Europe future. L

Le démembrement de l'Autriche-Hongrie a néanmoins son mauvais côté. Il jetterait dans les bras (de l'Allemagne les Germains actuellement soumis aux Habsbourg. Certains voient là un dangereux renfoccemenrt de la puissance germanique. « C’est un argument spécieux que j'ai entendu formuler par des politiciens de l'Occident et d'ici disait en Russie M. Masaryk, professeur à l'Université tchèque, ancoen député, exilé ‘depuis la guerre et qui suit avec autorité la Campagne tchèque contre l'Autriche! Je leurs réponds toujours: «C'est, Messieurs, simple affaire de calcul. Quel est le nombre le plus grand, 50 bou #7? Ily a sept millions d'Allemnds en Autriche, pas davantage (nous ne complcms pas les Allemands de Bohême et «de Hongie). Admettons qu'ils passent à MAllemagne; elle sera renforcée de ÿept millions, mais elle perdra des français, ele. Tamiis qu'aujourd'hui VAllemagne dispose des 50 millions de toute l'Autriche. Quel est donc le plus grand nombre, 50 ou 7? La réponse est péremptoire,

Société Genevoise d'Editions et d'Impressions, — Genève