La Serbie

Lundi 2 Décembre 1918 —

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FER LA

SERBIE.

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L'assassinat de l'archevêque serbe Ditchentié 7

Un télégramme qui nous donne des détails sur des cruautés et méfaits com imis par les Bulgares dans toute la Serpie communique en même Llemps que «Son Eminence le métropolite d'Uscub, Vitchen-

selon toute apparence a été assassiné entre Ourochévats et Gostivar par où, escorté, il fit son chemin à pied. »

Bien qu'une telle supposilion nous paraîtrait effroyable el inconcevable s'il ‘était

uestion d’un peuple civilisé quelconque elle ne doit vourlant pas être sans ne dement quand il s’agit des Bulgares. On est vraiment révoïité à la pensée que cette Europe civilisée puisse encore avoir dans son sein des peuples dont les représentants traitent d'une façon aussi abominable un des plus grands dignitaires ecclésiastiques. Celte supposition doit nous paraître d'autant plus effrayante qu'il s'agit d’un

upie, qui se:on son asmect extérieur, ap-

rent à la même église que ce dignifaire ecclésiastique auquel il inilige un traitement pareil. Obliger un haut dignitaire, un archevêque, d'aller à pied d'un lieu à l’autre, reste comme une chose incompréhensible et inconcevable pour le monde civilisé de l’Europe. Rien qu'un semblable traitement suffirait à provoquer chez tout homme civilisé le sentiment de terreur et de révoite à l'égard des individus capables d'aller aussi loin dans leur cruauté, Et combien doit-on êlre indigné et exaspéré par un assassinat aussi abominable et pertide. L'assassinat de Son Eminence n’est pas encore officiellement confirmé, mais il y à lout lieu de croire que le métropolile a dû subir un sort affreux.

Déjà en 1916, aussitôt que nous avons quilté la patrie, le gouvernement royal de Serbie a fait tous ses efforts pour avoir des nouvelles sur les ecclésiastiques restés dans la Serbie occupée par les Bulgares. A cet effel, il s'était adressé au SaintSiège qui donna une suite “b'enveillante et favorable aux demandes du gouvernement serbe. Au nombre de ceux dont on avait demandé des nouvelles fut aussi le métropolite Vitchentié. Sur la demande du Saint-Siège, le gouvernement ‘de Sofia

avait donné quelques renseignements pour

chaque personne séparément. Mais pour le métropolite Vitchentié, le gorwernement bulgare avait répondu ne pas posséder de renseignements, élant donné — disait le gouvernement de Sofia — que l’archevêque avait quitté Uscub avec l'armée serbe. Cette affirmation du gouvernement bulgare était évidemment inexacte. Si 1e

métropolite avait quitté Uscub avec ar

mée serbe, il est clair que le gouvernement royal n'aurait pas demandé de renseignements ‘sur la personne du mélropolite, comme il n'avait jamais demandé pour fes autres qui avaient quitté le pays avec Varmée, Le Saint-Siège lui-même s'était immédiatement rendu compte de linsuffisance et de la contre-vérité de la réponse bulgare et n'a pas tardé de renouveler ses démarches à Sofia en vue d'obtenir les renseignements désirés sur le sort du métropolite d'Uscub. Malgré tout, les efforts du Saint-Siège n’aboutirent à rien, le gouvernement bulgare s'étant refusé à fournir d’autres renseïgnements et cette affaire se trouve encore aujourd'hui sur le même point.

L'attitude adoptée par les Bulgares en général envers les Serbes, ainsi que la réponse inadmissibre donnée par le gouvernement bulgare au Saint-Siège, justifient pleinement la supposition du dit télé-

personnel. Ce dommage est ve l'on tient compte du revenu du cé lames) — revenu perdu pendant commerçants, les artisans doit représenter au minimu dommage total dans ce domaine Lo numéraire et les objets de va on l'a vu, une valeur de 548 millions. particuliers aient pu cacher papiers de valeur et que les dans la zône limitrophe, aient pi portefeuille, de nombreuses richesses à là population, surtout des iobjets que leur volume n'a pas permis avons évalué ces dommages aux € 30.000.000: dépôts dans les caisses de l'Etat 5.000.000; argent monnayé lingneçières et de l'union des 12.000.000, soit äu total 82.000.000 de francs.

sauver

Il convient de faire entrer dommage subi par les banques priv maisons do commerce, en cessant de chpital de 250000.000. Au taux de 6 % et à intérêts composés, Ce de guerre, une somme de 8

De nombreux particuliers me Fer leurs comptes en banque, d'acquitter les lettres par eux, ou encore de payer Beaucoup de débiteurs et de autrement pendant La guerre. merce supporteront de ce chef à 42.000.000.

La dépréciation des billets de

5.000.000 de francs.

gérants 13nit Les banques

leur

<a

alué par ‘nous à 20.000.000. Si apital roulant (200 millions tde les années dé guerre par les et les fnstilulions bancaires, m 80 millions — ‘on peut évaluer le à 240.000.000 de francs.

leur représentaient, Comme Même à supposer quel Leki leur numéraire, leurs bijoux et leurs banques, à l'exception de quelques-unes: encaisse et leur sont pourtant été soustrailes de valeur et de l'argenterid, de cacher ni de sauver. Nous hiffres suivants: bijoux et joyaux 5.000.000; dépôts en pr 30.000.000 ; muméraire des institutions oropératives agricoles anéanties, dans le caleul de ces. pertes le 6es, le Crédit Foncier et les toucher les intérêts de leur (habituel dans le pays) capital aurait rapporté, en cinq années

t pas en mesure de régler de change acceplées les marchandises achetées été tués où sont morts un dommagd que nous évaluons

banque serbes —

gramme bien que celle-ci paraisse terrible. N'ayant pas pour le moment des documents authentiques qui prouveraient le bien-fondé de cette supposilion, nous avons

voulu seulement souligner et prouver, par

les données que nous possédons déjà, que cette supposition n’est pas sans fondement. Espérons que les nouvelles recherches entreprises à Uscub nous pourraient fournir des précisions sur le sort du métropolite Vitchentié. En attendant on ne peut que souhaiter que le gouvernement de Sofia s'explique au plus tôt sur cette affaire et qu'il désigne lui-même les coupables, s’il ne veut pas qué tout le peuple bulgare subisse les conséquences d'un crime si odieux. : ol À

A quoi rêve-t-on à Sofia ?

Pour montrer la fourberie de nos voisins bulgares, nous avons reproduit dans le dernier numéro de « La Serbie » quelques extraits de journaux de Sofia publiés à l'époque ayant précédé immédiatement la conclusion de l'armistice. Tout en implorant la’ grâce des Alliés, les Bulgares essayent en effet de se donner l’air de gens qui, en pleine force militaire, se Sont décidés à cesser dla lutte uniquement par « respect » pour Wilson et les démocraties occidentaes. Cette tendance semble aujourd'hui dominer dans toutes les sphères bulgares, de sorte que le correspondant particulier du « Times » à Sofia a jugé né-

ils essayent de reprendre par le. chantage bolcheviste ce que la taire leur a enlevé!

«A la ‘longue, toutes ces manifestations d’impudence. ne sont pas sans inconvénient, Si nos ennemis s’acharnent à ne pas prendre conscience de leur déroute, il faut que nous prenions de plus en pus VigOUreusement conscience de notre victoire. La Bulgarie n'a droit à aucun traitement de faveur: Cest aux Serbes, aux Grecs, aux Roumains que toute notre sollicitude doit aller dans les Balkans. La caste malfaisante qui gouverne la Hongrie depuis un demisiècle ne peut pas nous inspirer le moindre intérêt même quand ele se présente en costume de « République populaire »: notre premier devoir est de libérer au plus vite tous les: Serbo-Croates, tous les Slovaques, tous les Roumains et même tous les Ruthènes qui ont été injustement incorporés à l'Etat hongroïs. Quant au gouvernement de Berlin, il faudrait lui montrer que nous voyons clair dans sa poiitique. »

Les Serbes en Dalmatie

Le 13 novembre, à 7 h. du soir, est entré à Raguse, au milieu d'un enthousiasme indescriptible, le premier détachement de soldats serbes. Uni comité spécialement formé pour saluer les soldats du roi Pierre et présidé par le vieux bourgmestre de Raguse, le Dr Péro Tchingria est allé, accompagné d'une énorme foule, au devant des Serbes. M. Tchingria, respectable

- vieillard octogénaire, prononça un émouvant

cessaire d'attirer sur cette thèse menson-"

“ère l’atlention du public allié. Il Lélét: graphie à son journal que les Bulgares se considèrent comme un peuple qui na pas été vaincu. Nombre de chefs politiques bulgares, soit au cabinet, soit en dehors de celui-ci, n’admeitent que difficilement leur défaite, tandis que d’autres la nient complètement et que Île peuple Va déjà oubliée.

Obligés de renoncer à leurs projets d'incorporation de lAlbanie, de libre accès à l'Adriatique et enfin de prise de possession de Constantinople, les Bulgares entendent maintenir à la conférence de Îa paix leurs prétentions antérieures sur la Macédoine et la Thrace en s'appuyant sur des bases éthnologiques.

Le « Temps » dans son éditorial du 22 novembre, consacre à cetbe manœuvre bulgare, qui correspond exactement à la factique des GermanoMagyars, les obServations suivantes: ° ;

«L'envoyé du 4 Times» à Sofia dissipe fort impartialement les illusions que quelques-uns de nos amis anglais se font encore sur les Bulgares: « La contenance du peuple ne peut pas être véritablement qualifiée d'arrogante, écrit-il. Loin de Jà. Mais elle a manifestement un air dégagé, et elle est entièrement dépourvue ae tout ce qui indiquerait que les Bulgares ont conscience d'avoir été battus... » S'il faut en juger par les récils extraordinaires qu'on a publiés à Budapest sur l’entrelien du comte Michel Karoïlyi avec le général Franchet d'Esperey, telle est aussi la contenance des dirigeants magyars. Et da note de M. Solf, que le « Temps » a reproduite hier, prouve que les dirigeants allemands ne se tiennent pas d'une autre façon. Ils ne sont pas encore arrog'ants __" cela risquerait trop de mettre les alliés en éveil — mais quel air dégagé, CE comme

On, sait que

et qui [par la force; la population

pour fau moins pour deux gnnées d

en vuc

d'au imoins 40.000.000.

gation de

En adüit

Avant Ja révolution,

à crédit.

décidèrent de gagner le dont au Îmoins

slovènes, désireux de conti triche-Hongrie et l'Allemagne pour libérer front de Salonique. La plupart

les trois quarts ont élé vendus à représente une perte de 75.000.000.

l'ennemi s'est sait payer a été de cé chef frustrée {de 66.000.000. Elle a été obligée, en outre, de souscrire 42.000.000. Les réquisitions forcées ‘occupation, un minimum de 120.000.000. L'abolition du mioratorium et de de la couverture des créances a entraîné la liquidation des biens meubles et des marchandises, dans les maisons commerciales.

IL faut encore ajouter ici les pe et les gens exerçant des professions “s'entretenir pendant cinq années de produire. Ces pertes sont évaluées à 320.000.000. ionnant les chiffres de cette rubrique nous arrivons à un.

dommage de 872.000.000 de francs. peter

Nos troupes sur la côte mourmane

un corps sudslave avait été conse commandement du général de volontaires se distingua sur le front oriental, et notamment en Dobroudja. Après le traité de Brest-Litovsk, les soldats serbes, croates et nuer à se battre contre lAu-

titué en Russie. Placé sous 1 serbe Zivkovitch, ce corps

d'entre eux y réussirent. Un noyau de

50 fle leur valeur nominale

discours, que nous reproduisons ci-après, auquel le chef du détachement serbe répondit par quelques mots émus, se laissa embrasser au front par le vieillard et lui baisa la main, selon les coutumes serbes. Chaleureusement acclamé par le peuple, les soldats serbes se rendirent vers la citadelle où fut prononcé encore un discours el où le capitaine serbe expliqua à ses hommes ce que fut Raguse pour la civilisation serbe, ainsi que l'importance du moment historique. Ensuite les Serbes furent logés dans la grande salle de Arsenal.

Voici donc le discours par lequel le Dr Tchingria salua les Serbes à Dubrovnik (Ragusc) :

« Soldats serbes, nos frères de sang! La .Providence éternelle s'est montrée

extrêmement généreuse envers moi en 1)” offrant le rare privilège de pouvoir saluer. en ce moment. historique,

au nom de cette ancienne cité de Doubrovnik, qui fut autrefois le berceau de la civilisation. nationale dans notre Sud, l’Aigle Blanc de vos drapeaux arrosés de voire sang héroïque et glorifié à travers le monde entier, Je salue en vous les champions de l'ordre et de la liberté, les combattants pour un nouveau monde qui doit surgir des ruines de l'ancien, pourri el agonisant. Je vous salue au nom de celte nôtre cité. qui est aussi la vôtre, de cette cité qui, dans le siècle dernier, aux jours du mouvement national hissa la première, sur les bords de notre mer Adriatique, le drapeau tricoiore en signe de renaissance nationale. Je dis notre mer; car la mer, ce don céleste, n’est ni nostrum ni vostrum, mais elle est au peuple qui vit sur les bords baignés par ses flots, aussi nexiste-t-il aucun droit en vertu duquel la mer pourrail appartenir à un peupie dans une plus large mesure qu'à ‘un autre, Cette mer est à nous et elle ne peul pas appartenir aux étrangers: c’est un bonheur immense pour nous de voir floiter

fièrement sur nos bateaux, nos drapeaux tricoores à la place de ceux dès étrangers. défaite mili-

Mes chers frères !

Recevez ce salut fraternel parti du fond de nos cœurs. Transmettez-le aussi à vos grands et glorieux amis, qui sont aussi les nôtres et qui vous ont aidé à délivrer votre sol sacré et vos foyers. Transmettezle à la grande République américaine; transmeltez-le à la noble France, trans: mettez-le à la’ Grande-Bretagne, à ce pays de libertés, transmettez-le à la Grèce, berceau de la civiisation ancienne, transmettez-le.….. non! je m’arrêle! Car l'Italie qui n’est pas restée fidèle à son passé €£ aux principes modernes de nationalités auxœuels ‘elle doit sa naissance, l'Italie de la politique à double face de Sonnino, cette Italie, je n'ose pas la saluer.

La prudence imposée par la situation politique, obscure, créée par l'attitude de l'Italie ainsi que la gravité de ce grand moment que nous traverisons, me commandent de m'arrêler ici, en exclamant:

Vive l’armée serbe, vive le roi Pierre; (son commandant suprême !

Vive la liberté et légalité des peuples

grands et petits!

Vive l'Etat des frères unis Slovènes, Croates et. Serbes! Vive la Yougoslavie! » | y

Les espoirs de la Hongrie « nouvelle »

La Hongrie « nouvelle » ne semble pas différer de la Hongrie « ancienne ». Voici en effet que le Bureau de Correspondance Hongrois de Zurich, dans un communiqué à la presse suisse, reprend la thèse habituelle des Magyars sur la Hongrie historique. « Les délibérations pour la paix, déclare le Bureau Hongrois, seront menées sur d'autres bases que des condilions de larmistice. Wilson, dont l’Entente ne renie nullement le rôle de guide, saura loblenir que des pourparlers soient conduits dans le sens de ses 14 points sur une base de conciliation et de justice. Le sort futur de la Hongrie dépendra donc de la manière. dont äl nous sera po ssibile d'établir entre nous et les nations non magyarels des conditions telles que ces nations trouveront toutes leurs prétentions satisfaites et seront heureuses de rester danës les limites historiques de la Hongrie.»

Les Magyars s’obstinent à faire les sourds et_äls.se livrent à l'illusion qu'il :se trouverait quelqu'un parmi Jes peuples opprimés qui voudrait resler avec Eux malgré toul. « \

L'article de M. Alexis François

Le journal officiel du Royaume de Serbie, les « Srpské Noviné» a traduit en serbe et publié en entier, dans son numéro du 16 octobre (v. s.) l'émouvant article «Le retour des Serbes » que M. Alexis François, professeur à l'Université de (Grenève, avait écrit dans « La Serbie » lors de la victoire serbe sur les Bulgares. Cel article qui pourra ainsi être lu par les soldats serbes aussi bien que par la popupulation délivrée, causera Sans doule ‘un

grand plaisir à nos compatriotes el leur servira comme consolation el récompense de leurs souffrances.

le montant des impôts

aux emprunts de guerre représentent,

la suspension des payements ennemies dans notre pays

Il en est résulté un dommage Al

ries que la population urbaine libérales ont subies par l'obliguerre Sans rien

Le colonel

(A suivre.)

bi tion ».

leur nation,

troupes cependant,

ide 4à 5000 hommes; qui se trouvaient à OdesSa, en même temps que leurs compagnons: Après le trailé avec J'Ukraine, ces hommes, commandés par le colonel Marinkovitch; résolurent, à leur tour, teindre le port de Vladivostok. Après de multiples péripélies, ils binsk. S'étant heurtés là à des forces voulaient les désarmer, comme les Tchéco-Slovaques, ils rebroussèrent chemin et, après de rudes efforts, finirent par atteindre la ligne mourmank. Lorsque les forces alliées débarquèrent sur de trouver le chemin de fer occupé €t gardé par les Sudslaves. Les troupes du colonel ainsi assurées les points stratégiques le débarquement Marinkovitch se sition du commandement allié. « Général, dit-il au commandant des forces alliées, j'ai l'honneur l’armée de l’'Entente, moi-même. mes homimes et le chemin de fer mourman. Je me tiens à votre entière dispo“ Le général le félicita vivement du courage ef de l'endurance dont ses troupes avaient fait preuve. Certains des volontaires sudislaves, affaiblis par leur long effort, furent envoyés au repos à Bizerte. Les autres furent incorporés dans l’armée de débarquement et continuent à lutter contre l’envahisseur Tous ces volontaires sont, notons-le, d'anciens prison-

niers des armées austro-hongiroises.

oo Société Genevoise d'Editions et d'Impressions. — Genève

purent partir

jure

d'at-

arrivèrent à Tchéliabolchéviques qui

la côte, elles furent toutes surprises

Marinkovitch, s'étant les plus importants, des Alliés en fut grandement facilité. mit aussitôt à la dispo-

de remettre à

allemand de la Russie.