La Serbie
RÉDACTION et ADMINISTRATION #, rue du XXXI Décembre - Genève
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Lors du congrès de Bucarest de 1913, je fis Ja connaissance de quelques-uns des hommes politiques les plus importants des Balkans. Les figures de M: Venizéles, Pachiteh, Take Yonesco-et-Marghiloman me sont devenues familières. Un seul portrait manquait: celui de M. Bratiano. Le chef de la délégation roumaine faisait partie de l'opposition et ne prenait pas part à la conférence, car il était absent de Bucarest,
J'ai eu, cette fois-ci, plus de chance. Son Excellence M. Bratiano, a bien voulu m'accorder un entretien.
Il me reçut en l'hôtel du 77, de l’Avenue des Champs-Elysées, dans le magnifique salon richement décoré de meubles anciens et de Gobelins, qui est situé au deuxième étage, donnant sur l'Avenue. Un éblouissant portrait de la | reine, grandeur naturelle, domine* toute la pièce et ne nous laisse pas le temps d'admirer les nombreux objets d'art qui remplissent la pièce.
Le président du Conseil roumain m'accueillit avec une courtoisie parfaite et voulut bién se montrer très au courant de ce qui me touchait personnellement, ainsi que de mes relations de famille, Malgré cela, je dois avouer que ma rencontre m'a causé une vive déception. M“Bratiano qui porte un nom qui l'écrase, appartient, en effet, beaucoup moins au monde politique qu'à celui des finances, dont il a la mentalité, le caractère et l'attitude.
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_— j] me tardait bien de connaître le fils du grand Bratiano qui fut un ami sincère de la Serbie et le partisan de l'entente serboroumaine, lui dis-je. J'ai-cherché à -voir-votre Excellence déjà lors de mon séjour à Bucarest en 1913 et j'ai beaucoup regretté de ne l’avoir pas rencontrée alors. Les circonstances ont bien changé depuis; amis et alliés naguère, nous nous présentons aujourd'hui à la Conférence en adversaires irréconciliables. Le fils voudrait-il détruire l’œuvre du père ? Nous, Serbes, nous avons l'impression que la Roumanie ne cherche plus une entente avec nous. La grande Roumanie devrait-elle nécessairement être fondée sur les débris d'une amitié qui a duré si longtemps?
M. Bratiano me fit alors ses plus chaleureuses protestations d'amitié pour la Serbie. Il me parla de la collaboration en commun de son père et du prince Michel de Serbie à l'œuvre de la réalisation du projet de Confédération balkanique. Suivant en cela ses traditions de famille, lui-même se déclara partisan de l’amitié des deux pays voisins. [I ajouta que la Roumanie, alors même qu'elle appartenait à un système politique opposé à celui dont faisait partie la Serbie, avait toujours conservé une attitude amicale à l'égard de sa voisine du sud, et pour prouver ses dires, il rappela l'attitude de son pays en 1886 et en 1913. « Aujourd'hui même, conclut M. Bratiano, mon pays ne demande pas mieux que de vivre dans les meilleurs termes avec la Serbie ».
Je me permis d'objecter que les exigences excessives des Roumains à l'heure actuelle me semblaient aller à l'encontre du désir qu'il venait d'exprimer au sujet de l'amitié serboroumaine. — Mais c'est précisément pour pouvoir conserver à l'avenir de bons rapports entre les deux peuples que nous avons adopté l'attitude actuelle et que nous nous tenons aux principes des frontières géographiques, me dit-il. Nous estimons qu'il ne faut pas permettre que nos deux peuples viennent en contact direct, car cela ferait naître des conflits perpétuels entre ces deux peuples amis.
Je priai alors son Excellence de me permettre de lui rappeler le point de vue serbe, ce qu'il accepta avec beaucoup de bonne grâce, Voici l'exposé que je fis : À
— Tous les intérêts possibles unissent les deux pays : les ennemis communs qu'il s'agit de combattre, les intérêts économiques qu il s'agit de développer, et le danger bolchéviste
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Pareissant tous les Lundis
qui nous menace et que la Roumanie, en raison de son voisinage direct, doit craindre plus que tout autre.
Une” sente question nous diviser celle du |
Banat, et encore ne nous divise-t-elle qu'en apparence. Etant donné que cette province devra être partagée entre nous, de nombreux Serbes, par suite de ce partage, resteront sous la domination roumaine, et, par contre, de nombreux roumains resteront aux Serbes. Il serait donc dans l'intérêt des deux Etats voisins d'empêcher qu'il ne soit créé des foyers irrédentistes dans les parties respectives de la province partagée.
Pour nous, Serbes, la question du Banat est purement ethnique et la seule solution -équitable serait, par conséquent, un plébiscite pour la partie contestée du Banat. Une autre solution consisterait en un arrangement amical qui établirait une ligne de partage partant de Bazias, au sud, et qui, passant par Verchez et Weiskirchen aboutirait au nord à Moris. Cette solution, établie sur la base de [a réciprocité, laisserait autant de Roumains du côté serbe que de Serbes du côté roumain.
M. Bratiano m'exposa alors le point de vue roumain :
_ Pour moi, le problème ne se pose pas de cette façon-là. J'estime qu'il faut à tout prix établir une grande frontière naturelle qui ne peut être autre chose que le Danube. Cette solution seule nous garantirait des conflits futurs. Dès le début, j'ai défendu ce point de vue.
Rédacteur en chef : D: Lazare MarCOVITCH, professeur à l’Université de Belgrade
Chez M. Pratiano
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La Hong
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* La dictature du prolétariat n’est, pour Xe moment, pas aussi dangereuse qu’elle le paraît sous.son aspect-balchévisle. Ceux tui. l'ont..décidée m'ont pas été guidés par : idéologie bolchéviste "et "par l'acceptation | ‘le ses principes, mhis plutôt par la préoc| Cupation politique de faire, d’ume part, | déc sur l'Entenite, et, d'autre part, |
de déclancher le processus de la désagrégation sociale em Cecident. La façon dont ce brusque changemikent a été opéré en éclaire les imbt'fs, de même | que les personmes qui se sont emparées | du pouvoir en établissent l'importance ‘et la portée. | La cause directe de 1x décision fumestg du comte Karolyi et de Son gouvernement est la note ailiée sur la mouvelle gne de -démarcation en Transylvanie. Le come Karolyi quitte le pouvoir avec Pair d'un Homme qui s’est vengé, comme s'il disait: «Vous n'avez pas voulu de mi; eh'! bien, ‘je laisse la place à des éléments pires, el vous me regretterez ». Et le Constil de la | dictature prolétarienne s’est constitué des ? membres de son gouvermement, excepté les bourgeois. Ces socialistes sont-ils des bolchévistes
déguisés? Pas du tout. Ils étaient les enne| mis acharnés de la dictature sanglante
pratiquée en Russie, ce dont ils ont fait preuve contre les communistes. Il y a, en effet. trois semaines à peñne qu'une poignée de communistes largenzemt pourvus de fonds holchévistes, tentèrent dintroduire isa Budapest les pratiques spartaciennes.
Et M. Brätiano de me citer l'exemplé dt /éméute ne dura que quelques Heures; là
Rhin comme frontière la plus sûre entre la France et l'Allemagne. Sur mon objection que, dans notre cas, il
s'agissait de deux pays amis, M. Bratiano dé-
clara qu’à défaut d’une frontière naturelle, les frottements seraient inévitables entre les voisins. Je lui rappelai alors l'exemple de la frontière serbo-grecque qui plaide pour la thèse contraire. En effet, avec les Grecs nous n'avons jamais eu de difficultés de cet ordre, alors que le fleuve Timok n'empêcha jamais les Bulgares de nous chercher querelle.
J'insistai encore sur le fait que le principe
géographique défendu par M. Bratiano n'était.
pas admis comme devant servir de base pour le règlement des rapports et la détermination des limites entre les peuples, tandis que le principe d'autodisposition sur lequel nos délégués appuient leurs prétentions est universellement reconnu et admis comme base pour le règlement des litiges. Le chef de la délégation roumaine me répondit qu'il restait fermement attaché à son point de vue. Quant aux principes auquel je faisais allusion, il se déclara prêt à accepter le plébiscite, mais, à la condition qu'on considère le Banat comme une entité indivisible et que le plébiscite se fasse en bloc pour toute la province.
Je fis remarquer que le Banat ne représentant aucune entité, ni administrative, ni ethnique, ni économique, ni même géographique, le plébiscite ne pourrait porter que sur la partie contestée de cette. province, l'autre partie étant hors de cause. J’ajoutai que son excellence se trompait également sur le compte de la population serbe du Banat, s'il la croyait susceptible d’être un objet d'échange. La mentalité du paysan serbe diffère beaucoup de celle du paysan roumain qui fut toujors considéré par ses maîtres comme un esclave attaché au sol qu'il travaille. La conscience de la population serbe est au contraire tellement éveillée qu’elle ne se résignera jamais à demeurer sous la soumission d’un gouvernement ennemi.
J'ai demandé encore à M. Bratiano si la Roumanie comptait garder la Bessarabie et la Dobroudja. « Bien enteudu | répliqua-t-il, la Serbie n’entend-elle pas garder la Macédoine? »
Notre conversation prit fin sur ces mots.
M.-D. M.
police, aidée des socialistes, eut vite raison des perturbateurs. Le chef du mouvenient, Bela Kun, le commissaire actuel des affaires étrangères, fut mialmené par la police, et cela au point qu’on désespérait déjà de sa vie. En même temps, les organisations socialistes de Budapest pratestèrent de façon ümposante contre les menées communistes et leurs chefs; les
La Conférence de la paix
Septième lettre
Le retour de M. Wilson en Europe a déjà produit ses effets. La Conférence s'occupe très actiyvement du désarmement de l'Allemagne, ce qui constitue la première et la plus sérieuse garantie contre une nouvelle agression allemande. Désarmée et habituée à la vie anlimilitariste, l'Allemagne abandonnera, on peut l'espérer au moins, ses rêves de domination mondiale et ne fera servir son développement économique et social qu'à des fins absolument pacifiques. En tout cas, le manque d’une armée formidable organisée
_surla base du service obligatoire et d'une flotte puissante enlèveront. au peuple allemand non seulement toute velléité, mais surtout toute possibilité de provocation et d'agression criminelle. Sur ce point-là, Lontes les puissances alliées sont d'accord, ot le retard apporté dans l'élaboration des clauses militaires et navales concernant
-VAllemagne, na été dû qu'à la nécssité d'élucider:
surtoutesses faces le problème du désarmement, afin de ne laisser subsister aucun doute,
Mais, dès que l’on aborde le problème militaire allemand territorial ou national — queslion des frontières allemandes à l’est et à l'ouest, question de PAutriche allemande — la situation change. On ne peut pas dire qu'une divergence de principes divise les einq grandes puissances qui siègent en comité suprème dans la salle de l'Horloge, mais, malgré l'identité de vues sur le bul général à atteindre, des différences subsistent dans le choix des moyens. La question se complique, eu outre, par la volonté absolue du président Wilson de ne signer aucun traité de paix qui ne contiendrait pas, dans ses clauses, l’institution d’une Ligue des Nations. Dès son retour à Paris, M. Wilson a tenu à souligner dans une déclaration publique, le fait que « ja décision prise à la Conférence de la Paix dans sa séance plénière du 25 janvier 1919, stipulant que l'établissement, d'une Ligue des Nations devait faire partie intégrante du traité de paix, est une décision définitive et qu’il n'y a aucune raison d'accueillir les nouvelles suivant lesquelles on envisageraitune modification de cette décision ».
JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE
Suisse... Gfr. — par un
Autres pays. Ofr.— »
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"PEuivre 16 Chémin bolchévisté, la cause en est donc puremient politique. Les chefs du
dirigeants actuels comstataient avec satisfaction que le communisme était de minime importance em Hongrie.
S'ils sé sont quand même décidés. à
socialisme magyar, convaincus de leur influence intangible sur les masses, ont eu recours à ce moyen imfernal pour assurer Pintégrité de la Hongrie. N’avions-nOus pas, en effet, relevé dans notre dernier numéro le langage ultramatonaliste des deux chefs, aujourd'hui commissaires du peuple?
On atablé sur le fait que la bolchévisation de la Hongrie devait lui épargner les charges sinsi que les responsabilités de la guerre et de la défaïte. Car qui pourraït s’en prendre au désordre organisé? L'exemple de l'impunité des bolchévistes russes a certainement contribué à la décision prise.-
D'autre part, la Hongrie bolchéviste serait un foyer admirable de désordres pour le: voisinage. On sait que, encore du temps du règne de Karolyi, l’arme bolchéviste était la plus employée dans les territoires occupés. Aujourd'hui. cette agitation pourrait être poursuivie bouvertement et avec plus d'énérgie. Les Magyars visent d'abord les Tchèques et les Roumains. Ensuite, le fleuve rouge pourrait facilement gagner Paris et Londres. Le monde tout entier une fois emibrasé, il ne sera plus difficile de récupérer les anciennes front'ères de la Hongrie, pensent les chefs actuels, et céla d'autant plus qu'ils espèrent conserver a confiance absolue. de leurs masses qui, düsciplinées et bien organisées, me se laisseraïent pas aller au pillage et à la destruction comme les vrais bolchévistes. Ù
C’est inconitestablemkent ce désir d'échapper aux charges de la guerre et de réintégrer les anciennes front'ères au milieu de l'incendie général, qui a amené les diriIP: geants à soviéter le pays.
Comme, dans la pensée du président Wilson, la Ligue des Nations doit servir de garantie subsidiaire ct complémentaire, les faits se trouvent en opposilton évidente avec l'idéologie américaine. La France, qui sent de près le poids du danger germanique, est manifestement hostile à l'idée de négliger, par rapport à l'Allemagne, d'autres garanties réelles et de se contenter en somme de celles que fournirait la Ligue des Nations. Le point de vue français ressort bien dés objections et des réserves faites par M. Léon Bourgeois au projet de la Ligue, objections dont le but est de donner à celle-ci le caractère d'un corps pourvu de moyens coërcilifs suflisants. Le point de vue français selon lequel une Ligue platonique ue suffirait pas à garantir l'Europe et plus particulièrement la France, et qu’il convient de prendre d'autres garanties, qui seraient complétées et lortifiées par la Ligue, est partagé pleinement par M.- Vénizélos qui, dans son discours prononcé au Cerclé de la presse étrangère, a donné de la Ligue une définition purement francaise.
Dans cette question, la France est encore soutenue par l'Italie qui s'efforce de meltre la question du Rhin et celle de l’Adriatique sur le même pied, tâchant d'exploiter la légitimité des raisons françaises, en faveur des plans purement impérialistes el expansionnisies sur l'Adriatique. Cette altitude de l'Italie produit naturellement la plus vive résistance chez lous les gens objectifs. Nous ne pouvons pas admettre un seul instant qu'on nous traite comme on traite les Allemands et nous nous opposons de toutes nos forces à une pareille conception de la question adriatique.
Ce qui sépare cependant la France ct l'Ialie, c'est la question dé l'Autriche allemande. D'après le « Corriere della Sera », l'Italie serait hostile au projet français de constituer une Autriche allemande indépendante et neutPalisée. Sans entrer aujourd'hui dans les détails, nous dirons seulement que l'attitude italienne dans la question autrichienne est vivementcommentée dans les milieux politiques où l'on ne comprend pas l’empressement que met l'Italie à pousser l'Autriche dans les bras de l'Allemagne.
Les grands problèmes qui préoccupent actuellement la Conférence ont relégué au second plan la question adriatique. Notre délégafion n'a pas
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