La Serbie

D llafait tranquillement, froidement, mais avec tous M jes ménagements possibles pour le peuple italien.

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Lundi 12 Mai 1919 — No 19

D déclaration du 25 avril, le président Wilson a exposé

Je point de vue américain dans la question adriatique.

Après avoir démontré que les revendicationsitaliennes

étaient incompatibles avec les 14 points de son pro-

| gramme, le président a fait appel à l'esprit de justice

| du peuple italien pour qu’il ne donne pas la préfé-

D rence à l'intérêt sur la justice.

|

_ Qu'ont fait cependant les délégués italiens? Ils

ne sont pas partis pour l'Italie dans le but d'expliquer au peuple la pensée du président Wilson. Ils n'ont

pas essayé non plus de prouver l'inexactitude ou bien l'inopportunité des vues américaines. M. OrJando et ses amis se sont cramponnés à la question

| formelle que personne ne mettait en doute et qui, au fond, ne regarde que les Italiens. Si, dans sa déclaration, M. Wilson s'adresse au peuple italien et

B non pas au gouvernement, il ne fait que suivre ainsi

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sa pratique habituelle qui consiste à assurer les

_ intérêts des peuples et non pas ceux des gouverne-

ments ou bien de groupements politiques quelconques. M. Wilson ne conteste pas du tout l'autorité et la compétence des délégués italiens et il doit être

| bien étonné de la tentative italienne de déplacer le _ problème sur ce terrain-là.

La conduite des délégués italiens produira, en fait, des résultats bien étranges. Après des dimostrazioni.

| que des metteurs en scène aussi habiles que d’An-

nunzio ou son concurrent, Sem Benelli, sauront arranger à merveille, après des votes de confiance à l'unanimité par un parlement composé en majeure partie de giolittiens, de ceux-mêmes qui, en 1915,

. quelques jours seulement avant l'intervention ita_ lienne, avaient faif remettre leurs cartes à Giolifti - pour lui exprimer leur confiance absolue, qui votè-

rent dans la suite contre Giolitti et pour la guerre, ‘et qui ne voient aucun inconvénient de répéter aujourd’hui le même procédé en signant des adresses commandées en faveur du programme impérialiste de Sonnino, après toute cette montatura savamment organisée, MM. Orlando et Sonnino rentreront probablement à Paris. Mais cela n’avancera pas beaucoup la question adriatique, car les raisons invoquées par

» Wilson contre la possessionitalienne de la Dalmatie,

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des îles et de Fiume restent pleinement en vigueur, même après le vote du parlement italien. On ne voit pas, en effet, pourquoi le président Wilsonse sentirait

É obligé, après un vote arrangé du parlement italien,

d'abandonner ses principes et de consacrer par sa signature une paix injuste et portant une grave atteinte au droit le plus sacré qu'a chaque peuple de disposer de son sort. M. Orlando n'ayant pu convertir le président des Etats-Unis, il est bien téméraire de supposer que le populus romanus y arrivera plus facilement. Si la cause italienne était juste, M. Orlando n'aurait pas dû quitter Paris sans avoir attendu de voir quel serait l'effet de sa réponse à la déclaration de M. Wilson.

Le président de la grande république américaine

_ reste ferme dans sa décision. C’est ce qu’au nom du

président, son secrétaire particulier a déclaré dans une communication faite à la presse et que seuls quelques journaux ont reproduite, entre autres le Radical du 25 avril. « Il n’était pas possible », dit le secrétaire de M. Wilson dans ce communiqué, « de faire droit aux revendications italiennes sans violer les principes des quatorze points soumis aux belligérants par le président et unanimement acceptés par

_ eux ». À Washington, le secrétaire d'Etat Lane a fait

» une déclaration semblable, au nom du gouvernement

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- libre financier. Or, l'Italie qui est un des peuples les …. plus sympathiques aux Etats-Unis, est aussi l’un des :

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américain, de sorte que l'Amérique garde invariable-

ment sont atitude.

Il n’est pas sans intérêt de citer l'opinion de la

ne délégation américaine au sujet de l'issue probable . du conflit italo-américain. Le secrétaire du président

. Wilson, dans la même déclaration rapportée ci-dessus, s'est exprimé ainsi: « Laissez-moi vous rappeler, pour vous donner une possibilité d'entrevoir l'avenir,

ue l'Italie dépend entièrement des Alliés, et surtout e l'Amérique, pour son ravitaillement et son équi-

plus intelligents ». D'après les nouvelles qui parviennent d'Italie, il ne semble pas cependant que ce jugement soit aussi justi-

ne fié qu’on a bien voulu le croire dans les milieux __ américains.

Le départ des délégués italiens n’atoutefois, pas arrêté les travaux de la Conférence. La preuve en a été fournie aujourd’hui à la séance plénière qui a eu lieu sans les Italiens. Les correspondants italiens présents à la réunion d'aujourd'hui ont constaté, non sans aigreur, que, malgré les chaises vides de la délégation italienne, des décisions très importantes avaient été votées, entre autres tout le projet de la Ligue des

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Nations avec quelques amendements complémentaires, qui fut accepté à l'unanimité. Malgré les objections des délégations japonaise et française, malgré les regrets des Belges à cause du choix de Genève comme siège de la Ligue, et surtout malgré la lecture des longues déclarations, que personne n'a comprises, des délégués du Panama, de l’Uruguay et du Hondouras, au bout de deux heures de travail à peine, M. Clemenceau a pu déclarer, après s'être assuré que personne ne demandait la parole, que le projet de la Ligue des Nations était voté à l’unanimité. Et, pressée, la Conférence a immédiatement passé à l'examen des problèmes de la législation internationale ouvrière,

Le président Wilson a vaincu sur toute la ligne. C'est de bon augure pour nous.

Treizieme lettre

Paris, 7 mai.

Pendant que les Allemands attendent, à Versailles la communication des conditions de paix alliées, la commission de rédaction du traité va au plus pressé pour mettre au point les diverses clauses du projet définitif. On a toutes les raisons de croire que ce travail sera terminé au cours de cette semaine et que vendredi ou samedi une séance plé-

_ière pourra être convoquée; en-présence des-délé--

gués allemands. L'absence des Italiens a produit l'effet contraire à celui que l’on escomptait à Rome. Loin de retarder les travaux de la Conférence, le départ de M. Orlando et de ses amis les a plutôt avancés, On pouvait le constater aussi par le peu d'intérêt que l’on attachait ici au développement des événements en Italie, On était très optimiste, et l'issue des débats à la Chambre des députés italienne a pleinement justifié cet optimisme.

La situation de M. Orlando n’a pas du tout été facile à Rome. Le chef du gouvernement italien fut obligé d’avouer que l'Amérique lui avait fait savoir, déjà au mois de février, sa désapprobation formelle du programme impérialiste italien. En dépit de ce fait capital, le gouvernement italien a déployé une propagande intense entretenant le peuple italien dans l'illusion que les prétentions de l'Italie étaient non seulement légitimes en elles-mêmes, mais qu’elles étaient aussi approuvées en principe par les puissances alliées. Un tel manque de franchise envers son propre pays aurait coûté cher au chef de tout autre gouvernement, sauf de celui du Royaume d'Italie. Aucune voix ne s’éleva au parlement italien pour protester contre la manière légère dont le gouvernement avait influencé le public pendant les derniers quatre mois en créant artificiellement dans l'opinion publique des courants que personne à Paris ne pouvait prendre au sérieux. L’unanimité avec laquelle la majorité de la Chambre a exprimé sa confiance à MM. Orlando et Sonnino porte tous les signes d’un vote commandé et produisit, par conséquent, aucun effet. D'autre part, il faut bien reconnaître que, malgré l'esprit souple de M. Orlando, ses révélations ont dû causer une grande déception aux impérialistes italiens.

Avec beaucoup de ménagements, M. Orlando a, en somme, confirmé que M. Wilson ne reconnait

aucunement la justesse des revendications italiennes, et quant à l'Angleterre et à la France, ces deux puissances signataires du traité de Londres, elles n'approuvent pas nou plus le point de vue italien dans la question adriatique. Elles sont prêtes à remplir leurs obligations du traité de Londres, mais elle rejettent complètement le supplément de Fiume. Pour l'Italie, cependant, cela ne suffit pas parce que, si la Grande-Bretagne et la France consentent à exécuter le traité de Londres, l'Amérique n'y songe nullement, et sans l'Amérique point de paix, mais surtout point d'argent et point de vivres ! Le calcul italien de demander à la France et à l’Angleterre la Dalmatie, les îles et l'Istrie, en vertu du traité de Londres, et de réclamer en outre Fiume en vertu des principes wilsoniens, ce calcul puéril était condamné d'avance à un échec complet. Que la diplomatie italienne ait pu baser ses revendications sur des arguments aussi disparates, cela ne témoigne nullement de son habileté.

Ce qui a rendu la position de l'Italie encore plus faible, c'est le reproche adressé par le gouvernement italien aux gouvernements britannique et fran-

LA SERBIE

çais de manquer à leurs obligations du pacte du 4 septembre 1914, signé dans la suite aussi par l'Italie, et qui engageait les puissances signataires à ne conclure aucune paix séparée. À ce reproche, les deux gouvernements ont répondu, après examen attentif de la question, que ni l'esprit ni la lettre du dit pacte n'empêchaient la France et la Grande-Bretagne de signer la paix avec l'Allemagne dans un cas tel que celui-ci, où l'Italie, délibérément, se retire de la Conférence et empêche ainsi la conclusion de la paix générale. Le pacte du 4 septembre interdit la conclusion d’une paix séparée pendant la durée de la guerre. La guerre est terminée et il s'agit de déterminer les conditions de la paix. Aucune clause du pacte de Londres ne confère à un signataire le droit de veto absolu dans le cas où ses prétentions ne seraient pas reconnues. D'autre part, on à fait observer au gouvernement italien que c'est lui qui s’est départi du traité de Londres en réclamant Fiume qui ne lui appartient pas en vertu de ce traité. Cette question délicate a été traitée discrètement et le gouvernement italien s'est vu obligé de reconnaître que le dit reproche était bie injustifié ! & G Le moment critique pour la position de l'Italie est

‘arrivé lorsque le Conseil des Trois a décidé de re-

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mettre à l'Allemagne le projet de paix même sans la participation de l'Italie, On raconte que M. Crespi, le délégué suppléant italien, qui a assisté à la séance plénière secrète d'aujourd'hui, aurait protesté contre la décision des Trois de poursuivre les travaux de la Conférence sans l'Italie, mais sa protestation n'a pas eu de suite. Le président de la Conférence a répondu qu’une invitation a été adressée la veille au gouvernement italien avec la prière de vouloir bien assister à la remise solennelle du traité de paix aux plénipotentiaires alle-

mands. L’invitation était motivée par le fait que.

l'Italie avait collaboré à l'élaboration des conditions de paix et que, par conséquent, on espérait bien la voir représentée à la cérémonie fixée pour le 8 mai. La teneur de cette invitation ne laissait point de doute que les autres puissances alliées étaient décidées à conclure la paix sans l'Italie. Placée ainsi dans l'alternative de choisir, la délégation italienne s'est prononcée pour le retour peu glorieux à Paris. Nous nous abstenons de tirer des conclusions quelconques de cette décision, mais nous voulons constater que les Italiens rentrent à Paris les mains vides. Le voyage à Rome a été parfaitement inutile.

Poriricus.

Les Aeraide à Versailles

(De notre correspondant particulier)

Paris, 7 mai.

Une grande journée, celle d'aujourd'hui : journée historique et mémorable dont le souvenir ne s’effacera jamais chez ceux qui ont eu le privilège d’assister à la remise des conditions de paix aux plénipotentiaires allemands. Pour des raisons que nous ne pouvons pas apprécier, on avait décidé que cet acte solennel serait accompli dans la salle à manger d'un vaste hôtel de Versailles, le « Trianon-Palace ». On a réservé probablement les salons somptueux du château de Versailles pour l'acte final de la Conférence, pour la signature du traité. Le seul inconvénient réel de cet arrangement a été de limiter la presse à un, nombre très restreint de places. Les petites puissances n'avaient en tout que dix places de journalistes, en sorte que la presse de notre Royaume n’a pu être représentée que par une seule personne. C’est le journal La Serbie qui a eu le privilège d'envoyer son-rédacteur assister à l’assemblée du « Trianon-Palace ».

Le décor de la salle était d’une simplicité presque austère. Rien ne révélait extérieurement la solennité de l'acte qui se préparait, et la présence de deux ouvriers menuisiers qui finissaient l'arrangement de la salle indiquait plutôt qu'il s'agissait d’une improvisation hâtive et d’un acte simple à tous les points de vue. :

Par hasard, cc fut M. Pachitch, ie pieinier délégué de notre Royaume, qui arriva le premier. L'ancien ministre président de Serbie, celui à qui l'Autriche avait fait remettre le fameux ultimatum de 1914, donnant ainsi le signal de la conflagration générale, cet adversaire tenace du germanisme, s’assit le premier à la table carrée autour de laquelle se rangèrent ensuite les membres de cette assemblée illustre qui allait dicter la paix à la Germanie vaincue. Par une autre coïncidence, les sièges de nos délégués se trouvèrent tout près des délégués allemands, de sorte que les Allemands avaient à leur droite comme premier voisin les trois représentants du Royaume serbo-croato-slovène fraîchement reconnu, dans l’ordre suivant: Vesnitch, Troumbitch, Pachitch.

À trois heures moins cinq, la salle se remplit de délégués alliés et associés. Parmi beaucoup de figures Connues, on remarquait aussi MM. Orlando et Sonnino, à la mine contractée et froide. Chacun prit place et peu à peu le silence se fit, dans l'attente de l'arrivée des délégués allemands. Ceuxci se firent attendre cependant. On expliqua naïvement la chose par le chemin détourné qu'ils devaient

prendre pour arriver sans trop de bruit au « Trianon Palace». Les journalistes allemands étaient cependant entrés par la porte réservée à la presse et ils profitèrent de ce petit moment d'attente dans le silence pour promener leurs regards interrogatifs et curieux sur le visage des principaux délégués alliés.

Soudain, le doyen des huissiers du ministère des affaires étrangères fit son entrée solennelle par la grande porte latérale par laquelle étaient passés également les délégués alliés et annonça d’une forte voix : « MM. les plénipotentiaires allemands ! » et, précédé de M. William Martin, chef du protocole, apparut le premier plénipotentiaire allemand, comte Brokdorff-Rantzau, suivi de près des autres délégués allemands. Toute l'assemblée se leva et les Allemands confus, après s'être inclinés à gauche et à droite, devant les délégués alliés, et, chose curieuse, devant les représentant de la presse, occupèrent aussitôt leurs places. Lorsque tout le monde fut assis, M. Clémenceau se leva et déclara la séance ouverte. Il prit immédiatement la parole et prononça le petit discours connu quisfit pâlir encore davantage le visage immobile des délégués allemands. Lorsque M. Clémenceau déclara que les Alliés étaient en bon droit de se procurer des satisfactions légitimes et de demander des garanties pour l'avenir, les Allemands se figèrent encore plus dans leur immobilité. La seconde partie du discours de M. Clémenceau produisit une impression plus profonde encore. M. Clémenceau fit connaître, en effet, la procédure adoptée pour la discussion, procédure écrite par excellence, sans contact direct et oral avec les Allemands. Lorsque les Alliés auront examiné les observations faites par la délégation allemande, ils fixeront un autre délai dans lequel, après avoir pris connaissance des décisions alliées, les Allemands seront invités à donner leur réponse définitive. Il ne pouvait donc subsister aucun doute sur la nature générale de la paix. Les Alliés entendent dicter cette paix. C'était la signification de la déclaration de M. Clémenceau.

Après avoir terminé, ét pour effacer, au moins au point de vue formel, cette impression de volonté que l’on allait imposer aux agresseurs vaincus, M. Clémenceau demanda, sans s'adresser directement aux délégués allemands, si quelqu'un de la Conférence désirait prendre la parole. Aussitôt, le comte Brokdorff-Rantzau se leva et commença, en allemand, la lecture de sa déclaration.

On a beaucoup parlé de ce diplomate aristocrate

Saluez vos amis nouveaux, s'ils se souviennent de moi.

lités qu'est due la création dans la même ville d’une université slave, qui ne compte déjà pas moins de quatre cents étudiants. C'est le concile qui a répandu en Europe la réputation de

É Mgr Strossmayer. Au milieu du groupe qui comptait les Dar-

boy, les Dupanloup et une grande paä#tie de l’épiscopat hongrois, il sut se distinguer par son érudition, sa connaissance de la langue latine. Si son éloquence puissante lui obtint l’admi-

-_ ration même de ses adversaires, son indépendance et sa fou-

gue provoquèrent parfois des orages. Un jour qu'il admettait la bonne foi de certains protestants, et que, paraphrasant le

ô mot de saint Augustin : Errant, sed bona fide errant, il procla-

il

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LS ni k ue d

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toujours pour moi une bonne fortune,

mait les services rendus à la bonne cause par un Leibnitz ou.

un Guizot, les prélats espagnols crièrent à l’hérétique et manifestèrent leur indignation par de si bruyantes clameurs que le légat dut lui retirer la parole. Le tumulte fut tel que les gendarmes de Mgr Strossmayer, qui l'attendaient dans Saint-

. Pierre, s’inquiétèrent, voulurent forcer la porte de la salle des | Séances et accourir au secours de leur maître .

Sitôt arrivé à Diakovo, ie me fis conduire au palais épiscopal, longue bâtisse du siècle dernier, attenant à un beau parc d'arbres centenaires. On m'introduisit dans un salon Spacieux, et j'avais à peine jeté un coup d'œil sur des tableaux signés Mateiko, Cermak, Bukovac, Consoni, que par l'autre porte entra un personnage de grande taille, en soutane et ce rine noires, et que je reconnus Eu PR

à it l'accueil le plu { et à son anneau. Il me fit l'a re es un Français. Je vous garde; les pandours vont aller SheCne vos bagages à l'auberge et vous resterez ici autant qu il vou Plaira. »

Mgr Strossmayer est grand, svelte, nerveux et

a

() Emile OLIVIER. L'Eglise et

porte légè-

l'Etat au concile du Vatican.

rement ses soixante-cinq ans. Le regard est plein de finesse, et la physionomie rayonnante de sympathie. Avec ce beau vieillard, qui connaît à fond la langue française et la parle avec élégance, la conversation se mit rapidement en train.

| m'exposa en quelques mots {a situation des Slaves du Sud, Croates, Dalmates, Bosniaques, Serbes, Monténégrins; les efforts qu'ils font pour Se rapprocher les uns des autres et ressaisir leur autonomie. Lt

En parlant, Mgr Strossmayer S anime, insensiblement le causeur fait place à l’orateur et sa parole chaude et vibrante

a des élans d’éloquence.

Nous tenons à reproduire ici les deux lettres suivantes de Mgr Strossmayer en ef conservant rigoureusement le texte.

Mon cher et vénérable ami !

Vous avez eu la bonté de vous souvenir de moi à l'occasion de nouvelle année. Je vous remercie fraternellement. Que le Bon Dieu vous bénisse et toutes VOs intentions et entreprises. Je suis vraiment heureux de savoir que Vous étiez content chez nous et chez les Slaves de Midi. Oui ! mon cher ami, les Sjaves de midi méritent votre affection et votre protection. Je les recommande de nouveaux. Votre chère France trouvera toujours au milieu de nous des amis dévoués à elle l'âme et corps. Nous resterons toujours grates à elle pour sa généreuse et tout à fait désintéressée protection. Que le Bon Dieu ja bénisse, et la délivre de toute entrave. Sa situation actuelle me rend un peu pour elle inquiet. Elle est nécessaire au monde. On sent au’elle est déchue de sa place présidentielle. J espère cependant qu'elle regagnera le plus tôt possible Sa position encienne et sa prépondérance encienne. Elle en ausée jusque ici à l'avantage des autres plutôt que de soi-même.

Si vous passerai peut-être par nos contrées, vous serez toujours reçu chez moi fraternellement. Agréez l'expression de mes sentiments fraternelles.

18 Janvier 1880. STROSSMAYER, Evéque.

F

Monsieur et cher ami,

Vous avez eu la bonté de m'envoyer votre ouvrage. J'ai le lue avec toute attention, du à votre renommée littéraire et à la profondeur de vos appréciations historiques.

Vous jugez au juste la situation europaiène, et vous prévoyez une guerre qui se prépare contre la Russie, aussi bien come en même temps, contre la France.

Selon mon avis, vous aurez du un peu plus largement expliquer la situation actuelle de notre monarchie et préciser mieux {a part, qui y est prise par l'élément mongolique.

Vous aurez peut-être trouvé que cet élément domine aujourd'hui d'une manière presque absolue l'Autriche, et qu'il la pousse. fatalement vers une guerre contre la Russie, ce qui fera aussi une guerre contre la France. Ces jours la, j'ai lu dans les journaux, que 200 et plus des mongoles sont venus à Paris pour témoigner leurs sympathies envers la France. Ami de mon ennemi juré, ne peut nullement être mon ami. Contre ce sylogisme il n'y a pas des appelles.

Du reste, votre ouvrage est excellent et votre activité salutaire. Votre frère, avec son compagnon, est resté chez moi deux jours. ‘ ,

Agréez l'expression de mes sentiments respectueux.

Diakovo, 8 janvier 1883. 1

STROSSMAYER, Evéque. *