La terreur à Paris

LA NISÈRE 121

La disette était si grande à Paris en 1795 ‘ que les membres du comité de Salut public adressaient à un conventionnel en mission à Chartres des lettres comme celles-ci :

« Le moment du plus urgent besoin est arrivé. Les magasins de Paris viennent d'être visités. // n’y reste plus rien. Nous ne pourrons vivre duadi qu'avec les farines qui arriveront demain. Rien n'est malheureusement plus vrai. Fais rassembler sur-le-champ tous les moyens de transport que tu pourras te procurer. Qu'il ne reste pas un demi-sac de farine dans les moulins : que tout parte pour Paris au fur et à mesure des moutures : qu'il soit mis des relais à des distances convenables pour que les voitures marchent avec la plus grande rapidité, et elles n’arriveront jamais assez tôt. Emploie tous les moyens imaginables : une seule minute est précieuse. Songe combien la liberté peut être compromise par cette disette d’un moment. — Salut et fraternité. —

l« Il n’en est pas aujourd'hui comme aux premiers temps de la Révolution, qui ne pesait alors que sur certaines classes de la société ; maintenant les blessures se font sentir à tous, à toute heure, dans toutes les parties de l'existence civile. Ces marchandises et les denrées montent journellement dans une proportion beaucoup plus forte que la baisse des assignats. Paris n'est plus absolument qu'une cité de brocanteurs. Ce concours immense à acheter les effets mobiliers élève les marchandises de 25 p. 100 par semaine, Il en est de même des denrées. Le sac de blé, pesant trois quintaux, vaut en ce moment 9 000 francs, la livre de suif 36 francs, une paire de souliers 100 francs. Il est impossible que les artisans élèvent le prix de leurs journées dans une proportion si forte et si rapide. Correspondance de Mallet du Pan avec la cour de Vienne. IT, 253 (18 juiilet 1795).