La terreur à Paris

180 LA TERREUR A PARIS :

« Mais Duboïs-Crancé a rallié les patriotes ; et j'ai eu la gloire immortelle de voir Péthion, Lameth, Barnave, confondre les périls d’un journaliste avec la liberté, et livrer, pendant quatre heures, un combat des plus opiniâtres pour m'arracher aux mains qui m'amenaient captif. Maints beaux faits ont surtout signalé mon cher Robespierre. Cependant la victoire restait indécise, lorsque Camus qu’on était allé chercher au poste des archives, arrivant sans perruque et le poil hérissé, se fit jour au travers de la mêlée, et parvint enfin à me dégager d'entre les mains des aristocrates, qui, malgré l'inégalité des forces, se battaient en désespérés. Il était onze heures et demie : Mirabeau Tonneau était tourmenté du besoin d'aller rafraichir son gosier desséché ; et je fus redevable du silence qu’obtint Camus, moins à la sonnette du président, qu'à la sonnette de l'office, qui appelait les cidevants et les ministériels à souper. Ils abandonnèrent enfin le champ de bataille; je fus ramené en triomphe ; et à peine ai-je goûté quelque repos qu'un chorus de colporteurs patriotes vient m'éveiller du bruit de mon nom, etcrie sous mes fenêtres : Grande confusion de Malouet ; grande victoire de Camille Desmoulins ! etc. »

Camille, dans d’autresnuméros, attaque la reine avec un violent cynisme. Il ose appeler ses abondantes aumônes des charités liberticides.

« C’est, dit-il, le crime de Manlius, qui distribuait au peuple du blé pour régner, ce qui le fit précipiter de la roche Tarpéienne. Mais de telles aumônes pourraient bien être pour elle, non pas les degrés du trône du despotisme, mais l'échelle de l'échafaud. »