La terreur à Paris

LA PRESSE 205

de la réputation, de la fortune et de la vie des citoyens ? C'est le conseil des Dix de Venise ; ils n’ont qu'à dire: Poignardez, et l'on poignardera... »

Le jour de l'apparition de cet article, Nicolle fut arrêté et quinze jours après, son journal ne paraissait plus.

Du 24 novembre 1792 au 28 avril 1793, parut tous les jours, en numéro de huit pages in-8°, la Feuille du matin ou Bulletin de Paris. C'était un journal d’une rare audace, d'une intrépidité sans pareille. Quand la peur paraiysait tout le monde, le journaliste ne se gênait guère pour flétrir les actes les plus monstrueux ou se moquer des maîtres du jour.

Il flétrissait les massacreurs de Septembre et riait de la mort de Lepelletier.

Quand la mémoire de Lepelletier était célébrée par la Convention dans une solennité publique, il écrivait :

Tout est changé dans nos affaires, Jusqu’aux fourches patibulaires,

Autrefois, c'était Montfaucon ; Aujourd'hui, c'est le Panthéon.

Il donnait l’épitaphe de Lepelletier :

Gi-git Michel Lepelletier, Représentant de son métier, Jadis président à mortier, Par la grâce de Louis seize,