La terreur à Paris

202 LA TERREUR À PARIS diaires, et les dénonciations sont l’encens qu’on offre à cette hideuse divinité. Tout ce que le crime a de plus abject, ce que l'injustice a de plus révoltant, ce que l’intrigue a de plus vil, s'y trouve. concentré et y fermente avec ébullition.

« Les passions y sont flattées, les goûts de la multitude Y sont caressés avec complaisance, et les forfaits y sont voilés sous le prétexte spécieux du bien public. La calomnie est la monnaie courante du pays ; l'audace est un sûr passeport pour entrer: sur cette terre déshonorée, et, pour comble d'infamie, le nom de Marat y est vénéré, etc. »

Le lendemain de la mort du roi, Nicolle ne se gènait pas pour mettre dans son Journal l’article suivant :

« Il est inutile de le dissimuler : Paris est plongé dans la stupeur. La douleur muette, pour me servir d'une expression de Tacite, se promène dans les rues, et la terreur, qui enchaine l'expression de tous les sentiments, se lit gravée sur le front des citoyens. Le roi est mort ; l'anarchie est-elle aux abois ? Les factieux sont-ils terrassés ? La sûreté individuelle des citoyens est-elle respectée ? L’assassin qui me poignardait est-il enchainé ? Hélas! jamais l’émigration ne fut plus active, plus effrayante... Vous ne savez done pas que le comité de surveillance a été renouvelé, et que la liste des membres qui le composent est souillée encore une fois des noms des Bazire, des Chabot et d'autres hommes de sang, qui, dans ce moment, disposent souverainement