La terreur à Paris

280 LA TERREUR À PARIS

sue. Rien de plus difficile à tuer; à cet âge la vie est tenace, il faut redoubler pour en venir à bout. « Là-bas, dans la cour, disait un des geôliers, on avait fait de leurs corps une montagne. Le lendemain, quand il a fallu les enterrer, c'était un spectacle à fendre l’âme. Il y en avait un qui avait l’air de dormir, comme un ange du bon Dieu, mais les autres étaient horriblement mutilés ‘. »

En ces jours qui précédèrent Thermidor, les exécutions redoublaient; c'était une rage de sang. On jugeait et on condamnait par fournées.

La guillotine là-bas

Fait toujours merveille,

Le tranchant ne mollit pas. La loi frappe et veille ?.

Pour répondre au zèle des accusateurs publics et à celui des juges, un fanatique avait voulu qu'on

! Barthélemy Maurice, Histoire politique el anecdotique des prisons de la Seine. | ? Une caricature de l'époque nous montre une guillotine entourée d'une masse de têtes rangées par classes. On y voit, étendu sur la planche fatale, un homme dont les bras sont libres. Sa main tire le cordon de la machine et le couteau tombe sur sa tête. C'est le bourreau. Il ne trouve plus personne à guillotiner et il se guillotine lui-même. Au bas de l'image on lit : « Admirez de Samson l'intelligence extrême! Par le couteau fatal il a fait tout périr, Dans cet affreux état que va-t-il devenir ? 11 se wuillotine lui-même. « (Collection du musée Carnavalet.)