La terreur à Paris

LES MAITRES DE PARIS 59

remplir comme ses fondateurs. Un habitant du faubourg, leur convive, ne leur cacha point qu'il eraignait pour eux un sort beaucoup moins digne d'envie : « Si vous êtes, leur dit-il, les fondateurs de la République, vous pourriez bien aussi en être les victimes. Vous serez bientôt forcés d'imposer au peuple des restrictions et des devoirs. Vos ennemis proclameront que vous n'avez renversé le trône des rois que pour élever votre propre autorité sur des ruines ; on vous accuserera d’aristocratie, et je prévois, ajouta-t-il avec agitation, que vous périrez sur l’échafaud ». On rit de cette prédiction ; mais, l'hiver suivant, à l’assombrissement de l'horizon politique, Lasource se ressouvint de la prophétie et la rappela souvent à Vergniaud, qui n’y prenait pas garde. Mais peu avant le 21 mai, lorsque la Convention fut la première fois assiégée, Lasource de nouveau : « Eh bien, que pensez-vous du prophète de St-Antoine ? — Vergniaud répondit : « J'ai peur qu'il n’ait raison, »

Cet habitant du faubourg était donc un plus profond politique que les membres de l’Assemblée législative.

Le 20 juillet 4794, au matin, Lafayette avait failli être tué. On lui avait tiré un coup de pistolet à bout portant qui le manqua. On arrêta l'assassin aussitôt. Bien entendu, Lafayette le fit mettre en liberté pour sa belle action ‘. C'était peut-être pour lui donner letemps de prendre des leçons de tir. Une autre fois ledit tireur ne ratera pas son homme.

4 Lettre du gouverneur Morris, du 20 juillet 1791.