La terreur à Paris

LES MAITRES DE PARIS 91

Bon-Conseil, toute la force armée s'est mise sous les armes.

« Quand le tambour qui précédait et les gens qui suivaient ont annoncé la procession, quel a été l’embarras de nos citoyennes de la halle ! Elles se sont concertées à l'instant pour voir s’il n°v aurait pas moyen de tapisser avant que la procession passât. Une partie se sont prosternées d'avance à genoux, et enfin, lorsque ie bon Dieu a passé, toutes à peu près se sont prosternées. Les hommes ont fait de même. Des marchands ont tiré des coups de fusil en l'air. Plus de cent coups ontété tirés. Tout le monde approuvait la cérémonie et aucun que j'aie entendu ne l’a désapprouvée.

« C'est un tableau bien frappant que celui-là. J'ai vu dans des physionomies les images parlantes des impressions qui se sont fait si vivement sentir au fond de l'âme des assistants. J'y ai vu le repentir, le parallèle que chacun fait forcément de l’état actuel des choses avec celui d'autrefois. J'ai vu la privation qu'éprouvait le peuple par l'abolition d’une cérémonie qui fut jadis la plus belle de l'Eglise. J'y ai vu aussi les regrets sur la perte des profits que cette fête et autres valaient à des milliers d'ouvriers. Quelques personnes avaient les larmes aux yeux. Les prêtres et le cortège m'ont paru fort contents de l’accueil qu'on leur a fait partout.

« J'espère, citoyen ministre, que vous ne lüisserez pas cet article sur votre cheminée.

« DurarD. » * Dutard tremblait lui aussi que ses rapports ne passassent sous

d’autres yeux que ceux de Garat (Schmidt, L{, 6. Dutard, 30 mai, 6 et 7 juin).