La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

JT

Le Décret de nationalisation, qui mettait à la disposition de la Nation les biens du Clergé, stipulait expressément « qu’il ‘serait pourvu par le Pouvoir au soulagement des Pauvres », — auquel avaient jusque-là pourvu le Clergé séculier et le Clergé régulier. Les prix des ventes nationales auraient donc dû recevoir une affectation spéciale, ou du moins être employés pour partie à ceteffet. Maisles besoins de l'Etat étaient tellement pressants, sur d’autres points, qu'on oublia l’engagement pris, comme on en oublia bien d’autres. Les Pauvres furent donc complètement négligés, et pourtant à aucune autre époque la misère ne futplus grande. Aux bouleversements politiques qui désorganisèrent les services administratifs, et particulièrement le service de lassistance publique, était venu se joindre le terrible fléau de la famine, dont les effets se continuèrent pendant plusieurs années. À Paris, le nombre des indigents avaittriplé; dans le seul faubourg SaintAntoine, il y en avait 30.000 1. En l’an V, le chif-

1. H. Taine, /es Origines de la France contemporaine, la Révolution .