La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

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présents, contrairement à l’idée superficielle que l’on s’en fait en général, considèrent que, à la fin de l’ancien régime, les richesses de la Noblesse étaient en grande partie taries.

Ecoutons le marquis de Bouillé dire dans ses Mémoires : Il y avait en France, au xvrrre siècle, à peu près 80.000 nobles, et sur ce nombre environ 1.000 dont l’origine se perdait dans les temps les plus reculés de lamonarchie. Parmi celles-ci on en voyail à peine 2 ou 300 qui avaient échappé à la misère et à l’infortune;… le reste languissait dans la pau vreté. L'avocat Barbier écrit de même : « Les provinces différentes du royaume sont remplies d’une infinité de noblesse pauvre, chargée d’enfants, que les pères et les mères n’ont pas le moyen de faire élever dans une éducation convenable, »

Taine donne sur ce sujet des indications aussi concluantes, comme celles-ci : Dans le Rouergue, affirme-t-il, plusieurs nobles vivent sur un revenu de 50 et même de 25 louis. En Limousin, sur plusieurs milliers, il n’y en a pas quinze qui aient 20 mille livres de rente. En Berry, vers 1754, les trois quarts meurent de faim. Telle famille a pour tout bien une métairie, qui n’atteste sa noblesse que par un colombier; elle vit à la paysanne, mangeant du pain bis. Le père de Chateaubriand vivote pauvrement avec 5 serviteurs, un chien de chasse et deux