La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

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partie pour y consommer dans le luxe etles plaisirs ses revenus non dissipés, et l’autre, pour y compléter, par les faveurs de la Cour, — places, sinécures et pensions, — les restes de son patrimoine. On estimait à 2 millions le revenu foncier, dont jouissaient les deux frères du roi; le duc d'Orléans reçoit de son père par succession 3 millions de rente pour la plupart en immeubles ; le duc de Chevreuse jouit de 4 à 500.000 livres; les domaines du duc de Bouillon, du duc d’Aiguillon, et d’autres encore, couvrent des lieues entières ; la duchesse de Choiseul, en se mariant, apporte à son mari une dot de douze cent mille livres, etc. — C’est là un exemple des fortunes que possèdent les membres les plus favorisés de la Noblesse à Paris, et qui vont avant peu disparaître.

La confiscation, avec ses ventes, est là en effet, enlevant leurs biens à tous les émigrés riches et pauvres, car dans la noblesse il en est peu qui ne l'ont pas subie, et voilà toute une société, aussi bien celle qui vivait des plus modiques revenus que celle habituée à la vie fastueuse, dépouillée de tous moyens d'existence, et appelée à connaître plus que la pauvreté, — l'absolu dénûment.

À côté de la Noblesse, étaient le monde de la finance, dont le luxe rivalisait avec le sien, et le monde de la magistrature, qui l’égalait par son honorabilité, et quelquefois par sa fortune. A Dijon,