La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES 331

leconseiller Bouhier possédaitprès de 4.000 journaux de terres et bois, le président Joly, plus de 1.900; d’autres membres du Parlement détenaient des biens-fonds étendus, quoique moins importants !

Tout cela va également, du même coup, se disperser au souffle des ventes nationales, car ces financiers et ces magistrats sont, pour la plupart, eux aussi, des émigrés, et la même ruine se répandra sur eux.

Que d'épisodes de cette sombre époque emplissent notre histoire! En relater quelques-uns, n’estce pas marquer avec plus de force les conséquences des opérations soumises à notre Etude ?

Aux pays de l’Emigration, les victimes des ventes, privées de leurs revenus, vendent, à peine débarquées, leurs diamants et leurs bijoux, dont le prix, reçu comptant,pare aux besoins des premiers jours. La comtesse de Saisseval, dénuée de tout, et sans crédit chez le boulanger, accepte deux sous de la main d’un évêque. Un chevalier ‘de Saint-Louis, poussé par lamisère, se fait domestique. Les grandes dames, autrefois occupées aux plus hautes fonctions de la Cour, peignent des dessus de boîtes, et font des ouvrages « en frivolités ». Au bazar, pour lequel elles travaillent, le salaire, proportionné au temps, est de deux sous par heure. Le comte de Caumont fonde un établissement de reliure, le