La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

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caisses du Trésor; et comme, à raison de la multitude excessive des Ventes nationales, elle a contribué pendant toute la période révolutionnaire, sauf au début, à déprimer la valeur de la propriété immobilière, dont la dépréciation s’est continuée, même après, sur la petite propriété, on se demande s’il n’eût pas été préférable et plus utile à l’intérêt général, de lui substituer une simple réforme qui, issue de la raison, aurait, à elle seule, régénéré le monde économique et social, en jetant dans la circulation une quantité moindre, mais parfaitement suffisante, de biens-fonds. C'était la pensée de nombreux députés qui, dans la discussion de la loi sur la nationalisation, s’écriaient : « Réformez, ne détruisez pas ». C'était aussi —à peu de chose prèsla pensée de Montesquieu, qui, envisageant la puissance territoriale du clergé, disait 4o ans auparavant : « Arrêtez la mainmorte, s’il est possible. Rendez sacré et inviolable l’ancien et nécessaire domaine du Clergé; qu’il soit fixe et éternel comme lui, mais laissez sortir de ses mains les nouveaux domaines !. » Paroles empreintes de justice et de modération, dont les « réformateurs » de 1789 n’ont pas voulu s'inspirer !

1. L'Esprit des lois, livre XXV, chapitre v.

FIN