Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LA DERNIÈRE ROUTE DE SERBIE 97

Uskub. Alors, nous prendrons le train. » A force d'entendre ces choses, on arrivait malgré soi à y croire. Et l’on attendait le train |

Sur la dernière route de Serbie, j'ai rencontré des aviateurs de France. Ilstrainaient avec eux leurs avions aussi loin que faire se pouvait. « Quand nous ne pourrons plus passer, disaient-ils, nous ferons tout sauter. »

Sur la dernière route de Serbie, il yala souffrance. J'ai croisé des blessés des dernières journées. Ils étaient couchés sur la paille, sanglants, leurs pansements maculés de boue. Devant l'approche de l’ennemi ils allaient, les malheureux, d'évacuation en évacuation. Toujoursplusloin, privés chaque Jour davantage de soins, car dans le pays coupé du reste du monde tout faisait défaut maintenant : les médicaments comme la farine et les munitions. Leur souffrance était muette. L'un d'eux cependant, un poroutchik de vingt ans, atteint au ventre d’une atroce blessure que la gangrène rongeait,

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