Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LES ALLIÉS IMPUISSANTS 129

Cependant, comme il faut faire un geste, et s'installer en pays serbe, notre gauche s'appuie sur la Cerna, notre droite sur le Vardar. Kavadar, Krivolak, Negotin, Guewgueli, quatre villages, tout ce qui reste du malheureux royaume. On défendra ce coin du sol. Sur cette tragique terre nous nous organisons.

Le champ où l’on campe a servi dix fois de champ de bataille dans dix guerres successives. Le village où l’on s’arrête à l'étape, est un amas de ruines. Des Macédoniens farouches, prêts à vous tirer dans le dos, vivent là dans des débris de maisons. Pourquoi reconstruire, quand on sait que chaque nouvelle année amène une nouvelle guerre, un nouvel incendie, une nouvelle destruction ? Quand il s’agit de creuser des tranchées, la pioche heurte des cadavres serbes, bulgares, grecs, turcs, valaques. La pelle ramène des lambeaux d’uniformes, des ossements. Le ciel est bas et roule des nuages noirs.

Entre temps nous avons pris contact avec

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