Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

136 LE DRAME SERBE

Les chiens montaient la garde devant la maison de leur maitre. D'eux-mêmes, les pigeons rentraient au pigeonnier. Dans la cour des petites fermes turques, les poules picoraient comme à l'ordinaire. Les chevres, sans berger, regagnaient, le soir venu. l'étable aux portes grandes ouvertes. Sur la place, autour du puits, les ânons gris, mélancoliques, se réunissaient à l'heure où l'on selle les bâts et ils attendaient de longues après-midi immobiles, pris de nostaloie peut-être au souvenir de l’ânier absent et de ses coups de trique. J'avais connu un Valandoyo printanier, autour duquel les blés semés continuaient à pousser sans espoir d'être moissonnés et les mandarines à mürir sans qu'une main de « hanoun » füt là pour les cueillir. Pouvais-je songer, à cette époque, qu un peuple de capotes bleues viendrait un jour animer ce village que la vie humaine semblait avoir abandonné à Jamais ?

Je retrouvai un Valandovo hivernal. dont les murs de terre et les toits de chaume étaient enfouis sous la neige. Du