Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

SUR LES CRÈTES DE VALANDOVO 137

haut du petit minaret une sentinelle casquée surveillait l'horizon. Les chiens étaient morts de faim. Les pigeons avaient pris leur vol, un beau soir, à la suite d’un passage de cigognes. Les chèvres, redevenues sauvages, avaient gagné la montagne. Seuls les ânons gris étaient encore là. Ils avaient grossi le troupeau guerrier des grands ânes blancs venus d'Égypte pour porter les cartouches et les mitrailleuses des soldats de l’armée d'Orient.

Car elle est ici, sur les crêtes de Valandovo, cette armée d'Orient que j'ai connue à Sedul-Bahr. Là-bas, sur la presqu'ile torride, on combhattait par 4o degrés de chaleur, Ici, sur le Vardar, on combat par 20 degrés de froid. Hier Gallipoli, aujourd’hui la Macédoine.

Une étrange destinée semble protéger Constantinople contre la nouvelle croisade. Un jour, on dit : « Nous forcerons les Dardanelles ! » Sedul-Bahr, Kum-Kalé, quels combats ! On s’apercoit qu'on est trop peu nombreux, «Nous passerons par la Thrace! »