Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LA BATAILLE DE LA CERNA 145

d'un 77 Krupp, nous arrive de la rive gauche du fleuve avec un bruit de charriot mal graissé. Le projectile éclate à 30 mètres d'un wagon de marchandises qu'une équipe de l’intendance est en train de décharger. Tranquillement, les hommes continuent leur travail, sans même se retourner vers l’entonnoir creusé par le projectile.

« Est-ce qu'ils vont recommencer, ces malotrus, à cette heure ? » grogne le caporal, en salivant de côté en signe de mépris. C'est là toute l'émotion que suscite dans Krivolac cette marmite matinale. On sait d’ailleurs que sur cette partie de nos lignes, sur le Vardar, les Bulgares ne tenteront pas une sérieuse attaque. À l'offensive de front sur notre droite, l'ennemi préfère un mouvement glissant sur notre gauche, le long de la Gerna, mouvement glissant qui, d’un instant à l'autre, pourrait devenir mouvement tournant. Gette pression de l’adversaire sur notre flanc ouest s'allie très habilement d’ailleurs avec l'avance progressive et prudente des Bulgares vers Monastir.

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