Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

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cris, dévalaient des hauteurs de Mirzen à notre rencontre, Le matin même, notre bataillon avait recu sa provision de fils de fer. Le duel d'artillerie dont nous avions été les spectateurs trop proches nous avait empêché de fortifier à fond la position. Quelques rangées de fils hâtivement posées constituaient un barrage précaire. La crosse à l'épaule, nos lignards attendaient le commandement. Je ne sais rien de plus angoisSant que cette immobilité de l’homme devant l'assaut qui monte. Les Bulgares progressaient par bonds, se couchant tous les trente mètres pour souffler et nous lâcher quelques coups de fusil. Non loin de moi, je perçus le choc métallique d’une balle sur un casque. Une voix gouailla : « Sans mon plat à barbe, ça y était ! » Le - projectile avait dévié. Un caporal, se soufflant sur les doigts soliloquait : « Estce quon ne va pas bientôt tirer à cette heure, que je me réchauffe les ongles. » Le soleil, pâle, projetait les silhouettes des Bulgares sur un fond de neige, donnant aux