Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

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membres harassés, vivre un peu la vie d'un être humain... » Chaque matin, il fallait repartir, marcher toujours plus loin, fuir l'ennemi qui toujours poursuivait. On eut des haltes : Tchatchak, Mitrovitza. Le sort du pays allait se jouer dans la plaine du Kossoyo. On attendait les Français par Uskub !... Chaque jour amenait une nouvelle angoisse, un nouveau désespoir. On fuyait sans cesse, on s’engagea dans l’Albanie. Plus de villes, plus de villages. On coucherait sous des huttes de feuillages. Les Bulgares entrèrent dans les montagnes derrière les malheureux. La fuite et la poursuite recommencèrent.

On était 4oo.000, tout un peuple. Làdessus, 300.000 soldats. Le reste, des femmes, des vieillards, des enfants. Des Albanais à la solde de l'Autriche lâchaient leur coup de feu derrière les rochers. Tout traînard était un condamné à mort. Il fallut abandonner les blessés. Quand la fatigue et la faim pesaient trop lourd sur les épaules de la foule, ceux qui avaient encore une