Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

218 : LE DRAME SERBE

qu'ils mangeaient, succombaient foudroyés. Il n'y avait rien à faire. On parqua les 9.000 survivants à Vido, en face de l'ile enchantée. Là, parmi les oliviers, les orangers, les arbousiers, les payrus, on débarqua ce qui restait de la colonne infernale. Les prairies étaient embaumées de l'odeur des asphodèles. Le soleil brillait, la mer était bleue. Le paysage était un décor de rêves. Les recrues n'étaient arrivées Jusquelà que pour y mourir.

Voilà un mois de cela, et dans Vido les recrues continuent de mourir. Pouvait-on en sauver quelques-unes ? Qui sait? Pour chacun d'eux il eût fallu un lit, une chambre, une infirmière, du lait, des soins infinis. Dans Corfou il ne pouvait y avoir rien de tout cela. Il n'y a qu'au théâtre que les drames finissent au cinquième acte. Dans la vie il en est autrement. Dans Corfou, le drame serbe continuait.

Pour ces 9.000 agonisants, il n y eut au début qu'un seul médecin. D'autres médecins depuis sont arrivés, pleins de science,