Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

PARMI CEUX QUI NE CHANTAIENT PLUS 243

L’hymne avait gagné les bivouacs d’alentour. Des bosquets de palmiers, de papyrus, de naupals, la vieille chanson slave montait, grave, tragique, vivante. Tous les camps serbes vibrèrent à la fois. Le rythme puissant d’une armée dont l'espoir se réveille passa sur l’île enchantée.

— Monsieur, les voilà qui chantent tous ! Ils sont sauvés! Leur âme n'était qu'endormie ! Nous reverrons le Danube!

Pour regagner Corfou, je repris le chemin qui longe l’Achilleion, la villa du Kaiser. Sur la routeobscure, la voix d’une sentinelle serbe m'arrêta :

— Qui va là? Avancez à l’ordre !

Je savais le mot de passe. Je répondis : « Belgrade quand même! » Et je passai.

FIN