Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

62 LE DRAME SERBE

Le soir est venu. Nous gagnons les premières tranchées. « Vous verrez une belle chose ! » me dit l'un de mes guides. « Les Souabes nous attaqueront au canon cette nuit. » Et il ajoute : « Nous avons en face de nous cinq régiments d'artillerie. » Je sais ce que cela veut dire. On m a mené sur la cote 118. Un major de trente ans y organise la résistance. La cote 118 fait partie de l'ouvrage d'Ossovietz. De là nous dominons légèrement la vallée, sans la commander cependant. Les Allemands nous le feront bien voir et sans retard.

Le bal commence à dix heures tapant, horaire de l'Europe centrale. Un obus, deux obus, trois obus, puis des salves de douze. L'ennemi tire avec des 150, des 190, des 305. Nous n'avons pour riposter que des pièces de campagne. À quoi bon répondre d’ailleurs ? L’adversaire nous canonne à 1» kilomètres de distance, de l’autre côté du Danube. Nous portons à peine à 6.000 mètres. Alors nous nous taisons. Ce que mes yeux ont vu, mon cerveau a refusé