Le général Championnet et l'éducation patriotique : "Recueil des actions héroïques, ou le Livre du soldat français"
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Le 13 juin 1790, un menuisier de Nîmes, nommé Augry, natif de Paris, présente à la municipalité un homme à qui il venait de sauver la vie. On voulut le récompenser de cette action généreuse, mais il refusa tout en disant: « Sa vie était en danger, j’ai eu le bonheur de le sauver.
Cette récompense est assez grande pour me suffire. »
(Le Recueil des actions héroïques, I, p. 12, donne d’intéressants détails sur cette affaire. Aubry, natif de Paris, menuisier à Nimes, professait le culte protestant. Ï était voisin d’un autre menuisier, ardent catholique, par qui il avait été longtemps molesté. Quand les catholiques à Nîmes, en insurrection contre l’Assemblée nationale, descendirent dans la rue le 13 juin 1790, à l’instigation de Froment, l'agent du comte d'Artois, la victoire resta aux patriotes appuyés par le régiment de Guyenne. Aubry rencontra au milieu de la nuit son ennemi fugitif, le conduisit hors de la ville et, après une heure de marche, il le remit aux mains du maire de Comps. « Je vous confie, lui dit Aubry, un homme qui ne m'aime pas, mais qui apprendra à m’estimer. Sa vie était en
danger, j’ai eu le bonheur de le sauver. Je le mets sous -yotre sauvegarde. »)