Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE SEPTIÈME. 203
louanges du trépassé, en attendant l'heure où tout le cortège sera réuni pour la cérémonie suprême. Cependant, des villages voisins arrivent les montagnards appelés par la parenté ou l'amitié. Leurs groupes animés ont à peine entendu les chants de mort et aperçu devant la porte les funèbres préparatifs, que tout le monde s’arrête, se découvre et répond à la voix des femmes par de pompeuses exclamations à la gloire du trépassé. De distance en distance on reprend la psalmodie interrompue, jusqu’à ce qu'enlin, arrivé devant la maison mortuaire, après avoir traduit vivement à la veuve désolée les sympathies qui lui sont dues, on accorde à la douleur la consolation ordinaire d’une libation générale.
Plus pieuse et plus solennelle est la conduite des femmes, se rendant à quelque village où les appellent de funèbres devoirs à remplir.
Une à une, espacées en longue file, la tête couverte d'un mouchoir noir, dépouillées du tablier aux couleurs éclatantes, semblables aux filles recueillies d'un monastère, elles partent muettes et la tête baissée. De temps en temps seulement l’une d'elles ; rompant le triste silence du cortège, jette dans les airs, plutôt qu'elle ne chanté quelques paroles où l’on peut distinguer le nom du défunt, des regrets ou des louanges à sa mémoire.
Quand la cérémotiie religieuse est terminée, on embrasse le mort, puis le cercueil est descendu dans la fosse où le plus proche parent jette la première pelletée de terre. Alors commence l'acte important du repas des funérailles, en tout semblable aux repas de noces ou de fêtes de famille, car bien vite est oublié le motif qui réunit les convives à la table du festin. Seul, le vêtement des femmes qui reprennent leur office de domesti-